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On a pu voir, par tout ce qui vient d’être dit, combien était petite la proportion des électeurs vraiment indépendans, et l’on trouvera sans doute que lord Durham n’a pas été au-delà du vrai, lorsqu’il a ainsi analysé la composition de la chambre nommée sous un pareil régime :

« Une portion de la chambre des communes, disait-il en avril 1832, est nommée par les pairs, une deuxième par de grands propriétaires, une troisième par des agens d’affaires, qui ont acheté et revendent les bourgs à l’enchère ; une quatrième doit son élection à de honteux moyens de corruption ; et quant à la cinquième, qui est nommée par des électeurs indépendans et non corrompus, elle est nécessairement choisie dans des classes riches, les dépenses exorbitantes des élections ne permettant pas aux personnes qui n’ont qu’une fortune modeste de se présenter comme candidats. »

Malgré l’acte de réforme, ce n’est encore qu’aux personnes très riches qu’il est permis d’aspirer à un siége dans la chambre des communes ; malgré la réforme, la corruption a été presque aussi générale et aussi publique que par le passé ; malgré la réforme, l’intimidation a encore produit ses effets, seulement la proportion des électeurs sur lesquels elle pouvait agir a notablement diminué.

Les principales dispositions de l’acte de réforme sont relatives : 1o aux bourgs privés en totalité ou en partie de la franchise électorale ; 2o aux bourgs à qui cette franchise est conférée ; 3o aux classes d’électeurs créées ou conservées ; 4o à la formation des listes électorales et au mode à suivre dans les élections.

L’acte de réforme enlève à 56 bourgs la nomination de deux membres, et réduit à un le nombre des membres de 59 autres bourgs, nombre qui jusque-là était de deux. Ces bourgs, tous situés en Angleterre, sont ceux qui depuis long-temps avaient perdu leur importance ; dans quelques-uns de ceux qu’on a complètement désaffranchis, il n’y avait que 13, 11, 9, 8, 7 et 6 électeurs, ou plutôt il n’y en avait qu’un, le patron du bourg.

Les 142 membres enlevés à ces 86 bourgs ont été répartis entre les comtés ou les bourgs existans, ou donnés à des villes populeuses qui jusque-là n’en nommaient point. 66 ont été attribués à des comtés, et 63 à des bourgs d’Angleterre, 8 à des bourgs d’Écosse, 5 à des bourgs d’Irlande.

Quant aux classes d’électeurs, elles offrent quelques différences dans les trois royaumes, notamment en Irlande, où un acte antérieur avait opéré de grands changemens dans le système électoral. Ici nous nous bornerons à parler des électeurs d’Angleterre.

Lorsque, au milieu du xve siècle, on avait fixé à 40 shillings de revenu