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LETTRES
SUR
LA SICILE.

ii.

SÉLINONTE.


Avant de voir Sélinonte, nous désirions visiter les carrières d’où l’on a tiré les pierres de construction de la ville antique. Au sortir de Castel Veterano, nous traversâmes un plateau assez élevé et dépouillé d’arbres ; la légère couche de terre qui le couvre laisse percer le roc, la culture y est chétive et mal soignée ; la vue porte sur la plaine, située plus bas, et où les trésors de la végétation de nos climats s’unissent à quelques cyprès pyramidaux et à des palmiers élevés, dont les longues feuilles se balancent avec élégance sur le fond violet des montagnes. Dans le lointain et près de la plage, on aperçoit une gigantesque colonne, dernier débris du grand temple de Sélinonte ; vue à cette distance, on la prendrait pour une tour ruinée. Les gens du pays l’appellent le Pilier des Géans. Nous passâmes à Campo Bello, bourgade entourée de vergers, de figuiers et d’amandiers, qui s’étendent jusqu’aux carrières de Sélinonte.

Ces carrières, appelées aujourd’hui Rocca di Cusa, se composent de diverses ravines d’une roche calcaire grisâtre, couvertes de cactus, d’aloës et de palmettes, et du haut desquelles on découvre à la fois la plaine entière de Castel Veterano et une vaste étendue de mer.