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LA CONFESSION D’UN ENFANT DU SIÉCLE.

sans les crudités qui sentent leur objet, que ce soit en homme tout-à-fait guéri. Laissons au fond des eaux ou du moins n’étalons pas le noyé livide ; la nature épure et blanchit les ossemens. Une expérience secrète qu’on ménage, qu’on dissimule parfois, est plus profonde et plus vraie encore : quand elle s’échappe à distance, par momens, elle impose davantage, et elle se fait croire. À cet âge de sève restante et de jeunesse retrouvée, ce serait puissance et génie de la savoir à propos ensevelir, et d’imiter, Poète, la nature tant aimée, qui recommence ses printemps sur des ruines et qui revêt chaque année les tombeaux.


Sainte-Beuve.