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nalité. J’imagine qu’il eût gagné à moins étudier les diverses manières de MM. Hugo et Lamartine. Il fût demeuré davantage lui-même, et c’eût été pour lui tout profit ; car, il faut bien le dire, dans cette trentaine de morceaux lyriques qu’il nous donne, il n’y a rien absolument du boulanger de Nîmes. Nous ne reconnaissons pas à un seul passage le poêle ouvrier, le poète du peuple, et c’était le poète du peuple, le poète ouvrier surtout que nous étions curieux de voir. Nous regrettons sincèrement que M. Reboul n’ait pas tiré de sa position tout le parti qu’il pouvait. Plus il eût été simple, plus il nous eût dit son humble condition et la lutte de sa muse contre le labeur de sa vie, plus il se fût élevé, plus il eût grandi, plus il eût eu de chance de se faire un grand nom à part, rival peut-être de ceux de Burns et de Hogg. Mais avec l’instrument poétique qu’il possède, M. Reboul ne se doit point décourager. Qu’il s’inspire de sa situation ! qu’il nous dise uniquement ses propres émotions, et non point celles des autres. Qui sait ? Ne pourrait-il pas alors devenir quelque chose comme le Burns de la France ? Nous ne lui souhaiterions pas, quant à nous, d’autre gloire.


M. Jules de Saint-Félix vient de publier un roman sous le titre de Cléopâtre. Qu’on se rassure, ce roman n’est pas une réimpression de celui de la Calprenède. Les Romains de M. de Saint-Félix ne portent point le justaucorps de buffle, les manchettes brodées et la longue épée des raffinés de la cour de Louis XIII ; son Caton n’est point galant, son Brutus n’est point dameret. Sa Cléopâtre n’a jamais mis le pied à l’hôtel Rambouillet ; il lui faut les portiques de marbre et les écoles d’Alexandrie ; il lui faut pour amant ce gros soldat qui péchait des poissons tout cuits et mangeait un sanglier à son repas. Ce roman de M. Saint-Félix est vraiment une étude curieuse et qui mérite d’être lue avec quelque attention. Les erreurs de détail ne manquent point, mais l’ensemble est original et vrai, le style a de l’ampleur et de la solennité.


— Les livres qui ont la bonne fortune d’une nouvelle édition, sont rares aujourd’hui. Le Chemin de Traverse, de M. Jules Janin, est du petit nombre de ces livres que le public adopte. La troisième édition vient de paraître entièrement refondue. Nous consacrerons prochainement un article à l’auteur du Chemin de Traverse.


— La quatrième livraison de Richelieu, Mazarin, la Fronde et le Règne de Louis XIV, par M. Capefigue, paraît chez le libraire Dufey. Ces deux volumes vont jusqu’à la mort de Mazarin. Une grande curiosité