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ŒUVRES D'HISTOIRE NATURELLE DE GOËTHE.

Toujours est-il que Goëthe n’a pu concevoir ce type de l’animalité comme un assemblage de toutes les formes. De deux choses l’une : ou il me faut laisser l’idée de type dans un vague où elle n’est plus saisissable, ou si je la veux préciser, je la trouve erronée.

Buffon avait dit, long-temps avant Goëthe, qu’il reconnaissait, dans la série des animaux, un dessin primitif et général, qu’on peut suivre très loin, et sur lequel tout semble avoir été conçu. Quelle idée nous ferons-nous de ce dessin primitif et général ? Quoi ! la nature dessine tous les animaux sur le même plan ! Comment, par exemple, les animaux qui n’ont pas de membres pourraient-ils avoir été conçus sur le même dessin que les animaux qui sont pourvus de membres ? Évidemment le dessin n’est pas le même ; pour que cela fût, il faudrait que tous les animaux fussent composés des mêmes parties, qui seraient seulement variées.

La même critique s’applique à l’unité de plan, qui présente aussi la série animale sous un point de vue impossible à bien saisir.

L’unité de composition organique est sujette aux mêmes objections, si l’on entend par là unité de plan ; mais si l’on veut dire qu’au fond, tout animal n’est qu’un composé de parties similaires, de sphères par exemple, et que par conséquent tous les animaux se ressemblent parce qu’ils sont seulement diversifiés par le nombre et l’arrangement de ces sphères primitives, on énonce une idée brillante, peut-être juste, peut-être dominant la théorie même que j’expose en ce moment, mais qui n’appartient pas actuellement à mon sujet.

La théorie des analogues est une autre désignation donnée à la doctrine de la communauté de tous les animaux entre eux. Cette désignation est juste, mais elle s’arrête, si je puis m’exprimer ainsi, à la superficie même des choses ; elle constate le fait d’analogies, sans essayer d’en pénétrer la loi.

Il faut donc, suivant moi, rejeter les formules de type, d’unité de plan, d’unité de dessin, comme ne donnant que des idées vagues ou fausses du point d’anatomie philosophique qui est en question.

En place de ces notions, je pense que l’on doit mettre la loi de développement. Je m’explique : soit que la nature ait créé simultanément tous les êtres organisés, soit qu’elle ne les ait créés que successivement, elle a pour règle, dans cette création, de procéder du simple au composé, c’est-à-dire de développer toujours ce qui existe, de passer d’une formation à une autre par des transitions, et de laisser, à chaque degré, des traces de son passage. C’est là ce qui