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REVUE. — CHRONIQUE.

la même séance, à une réduction de 3,328,000 fr. sur les achats des armes portatives, il échoua devant la majorité. On alla jusqu’à rejeter une dépense faite, de 3,500 fr. d’ameublement, au ministère de la guerre. Ce rejet fut si sensible au maréchal Soult, qu’il s’écria en colère : Qui paiera donc ? mais le maréchal ne se retira pas. L’année suivante, même demande pour obtenir un quitus, même refus. À l’heure qu’il est, nous ne pourrions pas encore dire au maréchal Soult qui a payé.

En 1833, refus des pensions pour les veuves des généraux Daumesnil et Gérard, refus des pensions pour les veuves des savans Abel Rémusat, de Chezy et Saint-Martin. Mort dans les bureaux de la chambre, du projet de loi sur les fortifications de Paris. Refus de deux millions pour ces fortifications projetées.

Dans cette même session, M. Laffitte, ayant déposé une proposition relative à l’amortissement, le ministre des finances présenta de son côté un projet de loi dont les bases étaient différentes. La commission à laquelle on avait renvoyé la proposition de M. Laffitte et le projet de loi du gouvernement, n’adopta aucun de ces deux plans. M. Gouin, rapporteur, annonça que le travail de la commission avait pour objet de suppléer aux lacunes du projet de loi. On ne cria pas à l’incapacité du ministère, quoique ses vues eussent été écartées, et la loi, complétée, amendée par la commission, fut adoptée par la chambre.

Le projet de loi par lequel on demandait un crédit de 100,000,000 fr. pour travaux publics, dont l’exécution a provoqué depuis de si grandes accusations de la part de M. Jaubert contre M. Thiers, ce projet fut aussi fortement amendé. La commission, dont M. de Bérigny était rapporteur, retrancha 7 millions sur 24, que M. Thiers demandait pour les monumens de la ville de Paris. Le crédit de 18 millions demandé par le même ministre pour l’achèvement du Louvre, lui fut refusé en termes rigoureux. Le rejet du dernier article, vainement défendu par M. Thiers et par M. Duchâtel, fut regardé comme un échec ministériel. On voit que le ministère avait essuyé un grand nombre d’échecs dans cette session. Nous n’avons pas entendu dire qu’il eût alors donné sa démission. Passerons-nous maintenant à l’histoire des échecs administratifs en 1834 ? Immédiatement après le vote de l’adresse, M. Ganneron développa une proposition tendant à la reprise du projet de loi d’organisation départementale de la Seine, présenté dès le mois d’octobre 1832. Le ministre de l’intérieur eut beau demander l’ajournement, et déclarer qu’il verrait dans cette adoption un empiètement sur la prérogative royale, la chambre adopta la demande de M. Ganneron.

La commission chargée d’examiner le budget pour 1835 se trouva composée, comme la commission des chemins de fer en 1838, d’un certain nombre de membres de l’opposition, parmi lesquels figuraient MM. Odilon Barrot, Salverte, Eschassériaux, Auguis, Baude, etc. Ces nominations causèrent de grandes inquiétudes au ministère. Il se rendit en masse dans le bureau de la commission, et déclara qu’il était prêt à transiger sur des