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REVUE. — CHRONIQUE.

point dans l’enseignement, pour s’y vouer toute leur vie, mais pour y acquérir le droit d’obtenir un pastorat. Le gymnase est pour eux comme un vicariat, mais ce vicariat peut durer dix ans, et ils le quittent au moment où ils y apporteraient le fruit de leur expérience et de leur habileté.

Le gouvernement a montré plusieurs fois qu’il comprenait tous ces inconvéniens, mais il comprend aussi que, pour renverser la base sur laquelle repose tout cet ancien édifice, il faudrait être prêt à en reconstruire immédiatement une nouvelle, et ici la question d’argent l’emporte sur la question de progrès.

Cet état de pénurie, qui entrave la marche des écoles dans les villes, se fait encore plus vivement sentir dans les campagnes, et l’état de dispersion de la population rend quelquefois ici tout établissement d’éducation publique impossible. Dans certaines paroisses, c’est le sacristain qui remplit les fonctions d’instituteur. Il reçoit du pasteur la permission d’enseigner. Mais il est d’ordinaire si peu instruit, qu’il se borne à interroger les enfans sur le catéchisme. Dans d’autres paroisses, c’est le vicaire qui, pour une légère augmentation de salaire, donne des leçons à tout le village. Au nord de la Suède, on trouve comme en Norwége, des maîtres ambulans qui vont de hameau en hameau, passant six semaines dans l’un six semaines dans l’autre, et revenant ensuite continuer leurs leçons interrompues. Ces maîtres sont entretenus par les propriétaires des maisons dans lesquelles ils s’arrêtent ; ils n’ont point de diplômes, mais ils doivent pourtant, avant d’exercer leurs fonctions, subir un examen devant le pasteur, qui leur donne ou leur retire à volonté la permission d’enseigner. Il y a des districts où toutes les habitations sont dispersées au loin à travers les montagnes, à travers les vallées, où la famille du paysan habite à dix ou douze lieues de l’église. Là on ne peut avoir recours ni au sacristain ni au vicaire, ni même au maître ambulant ; les mères de famille instruisent elles-mêmes leurs enfans. Elles leur donnent chaque soir d’hiver leurs leçons, et quand elles les mènent le dimanche à l’église, le pasteur leur explique le catéchisme. L’instruction passe ainsi traditionnellement d’un âge à l’autre. C’est l’héritage intellectuel que le paysan a reçu de ses ancêtres avec la bible et qu’il lègue à ses enfans. Tous les paysans de la Suède n’ont pas appris à écrire, mais tous savent au moins lire. Ceux qui ne sauraient pas lire ne trouveraient pas un prêtre pour publier leurs bans et les marier.

La méthode lancastrienne fut introduite en Suède, en 1817. Elle n’a pas été adoptée dans tout le royaume[1]. Le réglement de 1820 n’en fait pas mention. Il divise les écoles en deux classes : écoles apologistes ou élémentaires, et écoles savantes (apologiste skola, loerde skola). Il y a une école apologiste dans chaque ville, une école savante dans chaque chef-lieu de diocèse, c’est-à-dire dans douze provinces.

L’école élémentaire se divise en deux sections. Dans la première, il y a un recteur et un maître ; dans la seconde, un recteur et deux maîtres.

  1. M. le comte de La Gardie est un de ceux qui ont le plus contribué à faire sentir l’utilité de ces écoles et à les propager dans les campagnes. On évalue à vingt mille environ le nombre d’enfans qui y sont élevés.