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REVUE DES DEUX MONDES.

Et moi, de son erreur pour la guérir plus vite,
J’apporte une colombe à l’autel d’Aphrodite,
Et le soir Myrto vient s’offrir à mes baisers,
En tremblant à son tour de les voir refusés.

Si l’arc d’Éros se brise, et si tu meurs, déesse,
Si tu ne prêtes plus aux femmes de la Grèce
Ta magique ceinture, et lui son carquois d’or,
Quel charme le printemps nous garde-t-il encor ?
Quel dieu fera chanter les nids sous les charmilles,
Et mettra le désir au cœur des jeunes filles ?
Et comment écloront sur un sol attristé
Les deux célestes fleurs, l’amour et la beauté ?

Meure l’Olympe entier, si nous sauvons les roses !
Les vieillards pleureront les dieux vieux et moroses ;
Moi, j’avais froid au cœur devant ces rois grondans.
Ah ! prenne qui voudra leur foudre et leurs tridents !
Mais, ô verte Palès ! ô Muses ! ô Charites !
Prêtresses aux doux yeux dont nous suivons les rites,
Nymphes au chant liquide, ô reines des forêts,
Qui des amans heureux protégez les secrets,
Cypris au sein de neige, à l’haleine de flamme,
Éros, ô bel archer si doux à percer l’ame !
Ô vous par qui l’on aime ! ô chœur mélodieux !
Ne survivrez-vous pas à cette mort des dieux ?

LE CHOEUR.

« Homme, si, las d’amour, la soif du vrai t’altère,
« Bois à la même source où s’abreuva ton père ;
« N’y creuse pas le sable en cherchant d’où vient l’eau,
« Pour que le flot abonde et jaillisse en ruisseau,
« L’onde se troublerait, et sous ta main déçue
« Peut-être en la sondant tu fermerais l’issue. »

Nos vieillards nous l’ont dit, et nous avons ri d’eux ;
Et te voilà tarie, ô source des aïeux !

UN POÈTE.

Adieu les songes d’or qui pleuvent des vieux aulnes,
Les meutes d’Artémis, et le syrinx des Faunes !