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DES PUBLICATIONS HISTORIQUES EN ITALIE.

et dans lequel, plus tard, retentit le tocsin des Vêpres siciliennes, les ouvrages de cette nature peuvent être également utiles aux érudits des deux nations.

À côté de ces hommes laborieux qui ne cessaient d’exhumer des documens inédits et d’étudier l’antiquité, s’élevaient, au siècle dernier, les partisans des idées nouvelles qui, dans un pays comme l’Italie, couvert d’anciens abus, s’en allaient répétant sans cesse que toutes ces vieilleries n’étaient bonnes qu’à empêcher les réformes utiles. C’était là l’école de Voltaire et des encyclopédistes, et la guerre ne tarda pas à se déclarer entre les deux camps. Il était difficile, en effet, que Beccaria, par exemple, qui ébranlait l’Europe par son petit livre des Délits et des Peines et qui voulait délivrer l’humanité de la torture, ne crût pas qu’un savant comme Munsi, qui travaillait toute sa vie à donner la plus parfaite édition des conciles, et à compléter les annales des pontifes de Baronius, était le complice, pour ainsi dire, de ces hommes dont il étudiait si minutieusement l’histoire et les actes, et qui avaient si souvent présidé aux tourmens des hérétiques. Cependant les éditeurs des recueils historiques continuèrent encore leurs travaux, et les publications de ce genre ne furent interrompues que par l’invasion française. On doit bien regretter que sous l’empire, lorsque les dépôts les plus cachés, tels que les archives de Rome et de Venise, furent ouverts au public ; personne n’ait songé à exploiter des mines si riches. Ces regrets doivent être d’autant plus vifs, qu’à la restauration la plupart des dépôts de ce genre ont été soustraits de nouveau à la curiosité des savans, non sans avoir éprouvé auparavant des pertes notables à une époque où l’on ne pensait ni à en tirer parti, ni même à s’en assurer la conservation.

L’Italie a trop de grands souvenirs pour qu’elle puisse rester long-temps indifférente à son passé. Aussi, depuis quelques années, on a repris l’étude des monumens avec une ardeur qui augmente sans cesse. Seulement, ce ne sont plus les partisans des vieilles idées qui étudient l’histoire ; au contraire, à la tête de ces travaux se trouvent les hommes qui aiment le plus leur pays et qui désirent le plus le progrès. On comprend maintenant que, pour relever un peuple opprimé, qui a été si grand autrefois, et chez lequel la domination étrangère a pu affaiblir l’ancienne énergie, ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de lui montrer son passé et de l’intéresser aux actions de ses aïeux, afin de lui inspirer le désir de les imiter. Il est impossible que des hommes doués d’un caractère si vif puissent rester indifférens au récit d’exploits qui ont rempli le monde d’ad-