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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/1104

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REVUE DES DEUX MONDES.

crues, soutenue par un mur épais en pierres parfaitement taillées et assemblées, toutes de même grandeur. C’est sur cette terrasse, qui domine la plaine de 12 à 13 mètres, que s’élevaient les murs du palais. Le système de construction adopté pour cet édifice est fort simple. Semblable à celui de Babylone, dont l’histoire nous a conservé la description, il consiste en gros murs dont l’épaisseur varie entre 3 et 6 mètres, faits de briques crues, c’est-à-dire simplement séchées et durcies par le soleil, posées à plat les unes sur les autres, et liées par un peu de boue. Ce ciment, qui parait si peu solide, est suffisant, et cela s’explique par la faculté qu’a la brique crue de faire corps avec la boue. Quoique le bitume ait été employé fréquemment, ainsi que le prouvent les nombreuses couches que l’on en retrouve, on doit croire que ceux qui ont présidé à l’édification de ce palais n’en ont pas trouvé l’emploi nécessaire dans ces massifs, ou que, malgré ce qu’a dit Diodore de sa source intarissable, celle d’où il provenait n’aurait pu suffire à la consommation si l’on s’en était servi pour cimenter chacune de ces briques crues. Les gros murs étant ainsi construits et présentant une épaisseur de plusieurs mètres, on les a revêtus de plaques d’un marbre gypseux, dur et grisâtre, qui se trouve dans le pays, et dont des bancs énormes gisent dans la campagne à la surface du sol. Ces plaques ont 4 mètres de hauteur, et généralement 2m50 de largeur sur 0m20 d’épaisseur. Elles sont enfouies à 1 mètre de profondeur dans le sol, où elles sont scellées fortement avec de l’asphalte. Une des particularités remarquables de la construction, c’est que toutes les encoignures des salles, sans exception, sont faites d’un seul bloc de pierre taillé en équerre, et assurent à la fois la solidité et la parfaite régularité des angles, qui donnent ainsi pour les murs une direction invariablement parallèle. Le revêtement est, à l’intérieur des salles, d’une hauteur constante de 3 mètres. À une ligne continue horizontale et indiquant la scission entre la construction en briques et la terre rapportée, que trace d’ailleurs très distinctement une petite couche de matière blanchâtre, j’ai pu reconnaître, au-dessus de ces plaques, que le massif de briques crues les dépasse et s’élève d’un mètre au-dessus, en retraite. La hauteur totale des murs est donc de 4 mètres, et je pense que sur le haut des plaques de gypse, qui forment une saillie de 0m20, donnée par leur épaisseur, s’appuyait une frise composée de briques cuites couvertes d’émaux, sur le fond desquels se distinguent encore différens ornemens, et entre autres une rosace ou fleur de lotus épanouie. Ce qui me paraît confirmer ma supposition, c’est la quantité de fragmens