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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/1105

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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE À NINIVE.

de briques émaillées trouvés dans la terre, et qui ne peuvent s’adapter à aucune autre place que celle indiquée par la saillie du revêtement, qui laisse au-dessus de lui, à nu, la brique crue du massif.

On n’a encore là que de gros murs formant la base des salles, et dont le peu d’élévation ne permet pas de croire que ces salles, d’ailleurs très spacieuses, ayant jusqu’à 35 mètres de longueur, aient pu se terminer à une hauteur de 14 mètres. Une telle disproportion n’est pas admissible. Les salles n’ont donc pu s’arrêter au-dessus de la frise ; et si l’on tient compte de la ligne invariablement horizontale qui indique le point où se terminaient les gros murs, on ne peut pas penser qu’ils se soient élevés plus haut, ce qui implique qu’il n’y a pas eu d’étage supérieur. Il me semble également qu’on ne peut pas croire que l’architecte ait donné la hauteur mesquine et disproportionnée de quatre mètres à un palais où il a déployé avec prodigalité le luxe des sculptures et des ornemens de toutes sortes. D’un autre côté, en faisant attention à l’énorme épaisseur des massifs, en remarquant que l’on n’y voit pas la moindre trace de fenêtres, et que, dans le cas où l’on en aurait percé à l’intérieur pour éclairer les premières salles s’ouvrant sur les façades, on n’aurait pu le faire pour les autres enclavées entre celles-ci, on est forcé d’admettre que les jours avaient été ménagés dans la couverture. C’est ici que se produit le problème le plus difficile à résoudre pour compléter la construction de l’édifice découvert à Khorsabad. Il se présente à l’esprit trois manières de concevoir la couverture des salles ; ou elle était en plafond, ou elle était en chevron, ou c’était une voûte en prenant cette désignation dans son acception la plus générale. Quelle qu’ait été l’espèce de cette couverture, je dirai d’abord qu’elle ne pouvait être en pierre, puisque nulle part je n’en ai trouvé la moindre trace, et je discuterai chacune des trois manières énoncées :

1° Si la toiture était en plafond, de deux choses l’une : ou ce plafond était formé de traverses d’un seul morceau de bois s’appuyant sur les deux murs parallèles, ou il était composé de plusieurs pièces de bois posées sur des supports, qui auraient été ou des colonnes en pierre ou des piliers de bois. Il me semble difficile d’admettre la première hypothèse ; car, les salles ayant jusqu’à 9 mètres de large, il aurait fallu employer des solives d’au moins 10 mètres de longueur, et il est douteux qu’elles eussent présenté une solidité suffisante pour supporter le poids des matériaux placés sur elles et formant terrasse. J’ajouterai que la nature des arbres de la contrée ne permet pas de croire qu’on eût pu en trouver d’assez grands ni d’assez forts pour