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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/128

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nombre assez considérable d’esclaves, mais que, n’entrevoyant pas la possibilité de les vendre, il les avait tous fait fusiller.

A la Havane, la traite est faite souvent pour le compte des planteurs, qui s’associent entre eux et partagent au prorata les dépenses de l’entreprise et les esclaves qu’elle procure. Il y a cependant un certain nombre de négriers qui font de la traite leur commerce unique, et l’on compte parmi eux plusieurs Américains. Au Brésil, l’usage varie selon les localités : ainsi, à Pernambuco et dans les petits ports de Para, de Maranham, de Paraiba, ce sont presque toujours les planteurs qui font la traite eux-mêmes, et qui contribuent à la dépense en proportion du nombre d’esclaves dont ils ont besoin. L’entreprise se met en commandite, et on souscrit pour un esclave aussi bien que pour cent. A Rio-Janeiro, il en est tout autrement : la traite y est faite par un petit nombre de grandes maisons, qui s’en occupent exclusivement. On cite, entre autres, les maisons Bernardino de Sa, Joaquin dos Santos, Vasquez, Albuquerque, Guimaraens, Veiga, André da Graça, Vergueiro. Plusieurs de ces maisons sont commanditées, il est vrai, par des capitalistes des États-Unis et de l’Angleterre, et comme ces spéculateurs achètent leurs navires aux États-Unis et les marchandises d’échange en Angleterre, ils seraient souvent hors d’état de faire des entreprises qui exigent une énorme mise de fonds, si les constructeurs de Baltimore et de Charlestown, et surtout les commerçans de Liverpool, de Glasgow et de Manchester ne leur accordaient pas un crédit tout spécial.

C’est une branche importante de l’industrie du Lancashire et de Glasgow que la fabrication des étoffes destinées à la traite. Pour le Lascashire seul, cette industrie produit une valeur de 10 millions. Un certain nombre de négriers sont en rapport direct avec les fabricans anglais ou leurs représentans ; mais la plupart s’adressent aux maisons de commission anglaises de Rio : celles-ci leur avancent les marchandises qu’elles achètent à Leeds, à Birmingham, à Manchester, à Liverpool, et dont elles répondent. Les marchés sont toujours conditionnels, c’est-à-dire que le négociant anglais a droit à une prime en cas de réussite ; si l’entreprise manque, au contraire, il subit une réduction convenue sur les marchandises qu’il a livrées. Il est impossible de nier que les commerçans anglais qui concluent de pareils marchés ne soient directement intéressés dans la traite.

Il existe aussi des compagnies d’assurance pour la traite : Cuba en compte plusieurs depuis long-temps. Le taux de l’assurance était autrefois de 11 pour 100 seulement, tant les dangers créés par le droit