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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/321

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croissante dans une certaine classe ; la lutte contre les malfaiteurs est aussi active, aussi intelligente que jamais. La répression des fraudes de tous genres commises par les marchands, et surtout par ceux qui sont en contact avec les classes inférieures, est sans doute bien insuffisante ; mais qu’on songe à la difficulté d’organiser une surveillance préventive sans entamer la liberté des citoyens ! Quant aux services spéciaux de la salubrité, de la circulation, du nettoiement, de l’éclairage, ils se sont remarquablement améliorés. Les réverbères ne montrent plus que dans les quartiers excentriques leur tremblottante lumière. Au cœur de Paris rayonnent déjà plus de 5,000 becs de gaz, sur un développement de 168,000 mètres, et le provincial compte au rang des merveilles de la capitale ces riches quartiers qui, par une belle soirée, sont propres et resplendissans comme des salons[1]. Au surplus, il est permis aux Parisiens d’être exigeans ; les services de la police leur coûtent assez cher. Pendant la dernière période décennale, les dépenses de cette administration se sont élevées en moyenne à 6,493,810 fr., le crédit ouvert pour l’exercice de la présente année est de 10,752,877 fr., sur lesquels il est juste de déduire les 2 millions que le gouvernement rembourse pour sa part dans les frais de la garde municipale. L’accroissement de la population, les réformes introduites dans le service, peuvent justifier cette augmentation. Quand tous les budgets s’arrondissent, on aurait mauvaise grace à exiger que celui de la police restât stationnaire ; il en faut prendre son parti.

De toutes les attributions du conseil municipal, les plus importantes, comme devoir moral et comme nécessité politique, sont celles qui concernent le sort des pauvres. Les élus de la cité n’exercent pas à cet égard une autorité directe. Les indigens de Paris ont un patrimoine qui leur est propre, géré par une administration spéciale, dont le budget, aussi volumineux, mais beaucoup moins clair que celui de la commune, est publié annuellement. Mais, comme les ressources de ce budget sont insuffisantes, et que la commune est tenue de proportionner par une subvention annuelle les recettes aux dépenses, cette obligation confère de fait aux représentans municipaux le droit de guider, de contrôler les actes du conseil des hospices, non-seulement dans leurs opérations financières, mais dans leur tendance morale.

  1. Sur l’administration de la police parisienne, voyez un travail auquel l’expérience pratique et la piquante érudition de M. Vivien ont donné un grand prix. Revue des Deux Mondes, livraison du 1er décembre 1842.