Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/545

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’assurer la liberté des mers, et sur la promesse d’une convention commerciale. Par l’effet de ces arrangemens, par l’impulsion qu’en reçut l’opinion publique, le parti français, c’est-à-dire le parti républicain et démocratique, prit dans les Provinces-Unies une supériorité décidée ; le stathouder, partisan de l’Angleterre, se vit dépouiller de ses plus importantes prérogatives, et, réduit presque à une condition privée, il se retira dans la ville de Breda, qui était sa propriété particulière.

Ce triomphe éclatant de la politique française produisit en Angleterre une forte et pénible sensation. A la rentrée du parlement, le 24 janvier 1786, ce fut le sujet principal de la discussion qui s’engagea sur la rédaction de l’adresse. Fox accusa le ministère de n’avoir pas travaillé assez activement à rendre au pays ces alliances continentales dont la privation lui avait été si funeste pendant la précédente guerre, et d’avoir porté dans les négociations une lenteur qui avait laissé à la France le temps d’accomplir ses projets ; il signala ce qu’il y avait de dangereux pour l’Angleterre dans la combinaison qui ajoutait à la puissance des marines française et espagnole déjà coalisées la force de la marine hollandaise ; il recommanda, comme le seul moyen efficace de conjurer ce danger, une étroite union avec l’Autriche et la Russie ; il blâma sévèrement le traité par lequel le roi d’Angleterre, en sa qualité d’électeur de Hanovre, s’était joint à la Prusse et à la Saxe pour contrarier en Allemagne les desseins de l’empereur, et avait ainsi aliéné la seule puissance dont l’alliance avec la Grande-Bretagne,. en imposant à la France un grand déploiement de force sur le continent, pût lui interdire le renouvellement des efforts maritimes auxquels elle s’était récemment livrée ; il exprima le désir que les bruits répandus sur une négociation commerciale entamée avec la Russie fussent fondés ; il se prononça au contraire avec une grande énergie contre la pensée d’un traité de commerce avec la France, dont s’occupait alors le cabinet, affirmant que les rapports semblables à ceux qu’il tendait à établir entre les deux nations avaient de tout temps porté une funeste atteinte à la prospérité de l’Angleterre. Pitt répondit que la négociation ouverte avec la Russie avançait rapidement vers sa conclusion. Quant aux attaques dirigées contre la politique hanovrienne, il se borna à dire que le cabinet britannique était complètement étranger à cette politique et n’avait rien à y voir, bien que malheureusement la souveraineté des deux états reposât sur la même tête.

La première question de quelque importance qu’on soumit cette année au parlement fut celle d’un projet suggéré par le duc de Richmond,