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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/683

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parlait de « notre bon ami Coray qui vous aime et vous estime infiniment. » - L’étude du sanscrit l’avait de bonne heure tenté ; il s’y était appliqué l’un des premiers en France. M. Hamilton, Anglais qui avait long-temps résidé dans l’inde, et que la rupture de la paix d’Amiens retenait prisonnier chez nous, était peut-être le seul homme alors sur le continent qui sût le sanscrit : il l’enseigna d’abord à M. de Chézy, à Frédéric Schlegel et à Fauriel lui-même. L’étude de l’arabe sous M. de Sacy n’en souffrait pas ; Fauriel était arrivé à lire avec sûreté la poésie dans ces deux langues. N’est-il pas piquant d’ajouter encore qu’il profitait de son séjour aux champs pour cultiver la botanique, amasser des collections de plantes, et qu’il faisait volontiers, en compagnie de son ami, M. Dupont, « des excursions cryptogamiques à Meudon, lieu chéri des mousses ? » La même sagacité qui le dirigeait dans les recherches historiques primitives, il la portait dans ces investigations d’histoire naturelle ; nous pourrions, si l’on nous pressait, fournir des preuves Mais ce qu’il devient essentiel de bien saisir et d’indiquer pour ne pas nous perdre dans multiplicité de détails et de diversions, dont peut-être il n’a pas triomphé toujours au dehors, c’est que, dès 1810 ou même auparavant., toutes ses études secrètes, ses prédilections croissantes, se rapportaient de plus en plus dans sa pensée à l’histoire, aux origines, de l’histoire moderne sur le sol du Midi et au berceau de la civilisation provençale. M Guizot, en juin 1811, lui écrivant de Nismes, où il était retourné passer quelque temps, lui demandait des nouvelles de son Dante et de ses troubadours comme d’un travail déjà fort entamé, et le pressait avec intérêt d’entrer avec lui dans quelques développemens là-dessus.

Avant de clore cette première partie, tâchons de bien fixer nous- même notre idée, de bien dégager celle de Fauriel, d’atteindre à l’unité profonde et définitive qui était en lui, et que son œuvre, en effet, ne semble pas accuser suffisamment Fauriel fut amené, par l’étude des littératures, des philosophies, des langues, par l’étude de l’arabe comme par la lecture du Dante, par tous les points à la fois, à sentir la différence qu’il y a entre la société moderne et l’ancienne. Savant original et sagace, érudit philosophe comme il n’y en avait pas eu encore de semblable en France, remettant tout en question et reprenant les racines de toutes choses, il passe des années à préparer, à fouiller, à creuser ; il sonde les sources ; d’autres s’y abreuveront, ou même y donneront leur nom Ce qu’on a ainsi retrouvé de lui en fait de travaux considérables et silencieux, de matériaux d’études et de masses d’écritures, de glossaires en toute langue (langue basque, dialectes