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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/872

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de la politique dont il avait cru devoir se séparer sur un point seulement. Cette précaution eut un plein succès : l’opposition continua à le poursuivre de sa malveillance, sans lui tenir compte des injures qui tombaient sur lui des bancs ministériels.

Quelques jours s’étaient à peine écoulés depuis le vote de l’adresse, lorsqu’un évènement depuis long-temps prévu vint aggraver au plus haut degré la position extérieure de l’Angleterre. La France, déjà sûre de l’inaction de la Prusse, avait rejeté les propositions de paix du stathouder des Provinces-Unies. Pichegru, mettant à profit la rigueur extraordinaire de la saison pour s’ouvrir un chemin à travers les marais et les canaux de la Hollande, pénétra sur le territoire de la république, en chassa l’armée hanovrienne, occupa rapidement tout le pays, et entra enfin à Amsterdam après avoir réduit le stathouder à la nécessité de s’embarquer pour l’Angleterre. Un gouvernement démocratique, créé aussitôt sous l’influence et la protection des vainqueurs, céda à la France la Flandre hollandaise, Maestricht, Venloo, et conclut avec elle une alliance offensive et défensive. Les Provinces-Unies se trouvèrent ainsi transformées en ennemies de la Grande-Bretagne.

Des négociations étaient engagées à Bâle pour le rétablissement de la paix entre la France et la Prusse. Le 5 avril 1795, ces négociations aboutirent à la conclusion d’un traité par lequel le cabinet de Berlin laissa entre les mains de la France, jusqu’à la conclusion de la paix générale, ses provinces de la rive gauche du Rhin. Des arrangemens secrets stipulèrent qu’à cette époque elles seraient réunies définitivement au territoire français, que la Prusse serait indemnisée par la sécularisation de quelques principautés ecclésiastiques de l’empire, et que provisoirement le nord de l’Allemagne serait admis à jouir, sous sa protection, du bienfait de la neutralité. Quelques jours avant la Prusse, le grand-duc de Toscane, frère de l’empereur, qui n’était entré dans la coalition que lorsqu’il s’y était vu contraint par les menaces de l’Angleterre, avait aussi fait la paix avec la toute puissante république. Bientôt après, l’Espagne suivit cet exemple, et, par un autre traité de Bâle, paya sa réconciliation au prix de ce qu’elle possédait dans l’île de Saint-Domingue.

Tous ces faits s’accomplirent dans l’espace de peu de mois. A mesure que les nouvelles en arrivaient à Londres, l’opposition recommençait ses efforts pour contraindre le ministère à abandonner une politique que les résultats semblaient condamner de plus en plus. Grey proposa à la chambre des communes de déclarer que l’existence du gouvernement