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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/874

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française la condition absolue de la paix. Reprochant à l’opposition de triompher des succès de l’ennemi et de les exagérer pour s’en faire un argument, il adjurait la chambre de fortifier le pouvoir par les témoignages non équivoques de son adhésion, et surtout de s’abstenir de toute manifestation propre à augmenter les prétentions des Français, en leur faisant croire que l’Angleterre était découragée. Il s’efforçait enfin de relever la confiance publique, en montrant le commerce de la Grande-Bretagne toujours plus étendu et plus florissant, malgré la guerre, sous la protection de sa marine victorieuse, et ses finances encore puissantes par l’action du crédit, tandis que le commerce et la navigation de la France étaient anéantis, et que ses finances disparaissaient dans l’abîme sans fond des assignats.

Le parlement avait approuvé la continuation de la guerre, il ne se refusa à aucun des sacrifices qu’on lui demanda pour mettre le gouvernement en mesure de la soutenir. Le nombre des matelots et des soldats de marine fut porté à 100,000, la force de l’armée de terre à 150,000 hommes, y compris la milice, malgré les réclamations que Fox fit entendre dans l’intérêt de la liberté, menacée par un si prodigieux armement. On vota un emprunt de 8 millions sterling. De nouvelles taxes furent imposées sur le vin, les liqueurs fortes, le thé, le café. On éleva le droit du timbre. On soumit chaque navire de commerce à l’obligation de fournir un nombre de matelots proportionnel à son tonnage, et chaque paroisse à celle de fournir un soldat de marine. On rendit plus rigoureux l’emploi de la presse maritime. C’étaient là des mesures extrêmes : elles ne furent que faiblement contestées, parce qu’on en sentait la nécessité.

Le gouvernement avait demandé l’autorisation de garantir un emprunt d’un peu plus de 4 millions sterling que l’empereur voulait contracter. C’était, sous une forme calculée pour ménager la dignité du chef de l’empire, l’accomplissement de la promesse de subside qu’on lui avait faite quelques mois auparavant. Le parlement y donna sa sanction malgré les prévisions malveillantes de l’opposition, qui, rappelant l’exemple de la Prusse, jetait un doute injurieux sur la sincérité et la persévérance de la cour de Vienne. Le bill par lequel on avait, l’année précédente, suspendu la liberté individuelle, fut renouvelé. L’opposition objecta en vain l’acquittement des accusés impliqués dans la conspiration qui avait été le motif ou le prétexte de cette atteinte portée aux droits les plus sacrés des Anglais ; on répondit que l’acquittement d’un accusé ne pouvait, dans aucun sens, être considéré comme la preuve de son innocence.