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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/160

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devant Ambriz, comme je l’ai dit, par le brick anglais le Persian, commandé par le capitaine Quin. On le prit pour un négrier espagnol, et il fut conduit à Sierra-Leone pour y être condamné par le tribunal mixte anglo-espagnol. Ce tribunal ayant reconnu que ce navire était américain, on le relâcha en rétablissant le capitaine dans l’exercice de ses droits ; mais il était résulté de cette détention illégale de grands dommages pour le capitaine, pour l’équipage et pour les propriétaires du navire. Je laisse de côté les mauvais traitemens qui ont cependant motivé de vives plaintes, pour n’insister que sur le préjudice positif et matériel causé par cette arrestation. Le Seamew, occupé dès le 7 octobre 1840 par un détachement armé du Persian, est conduit à Sainte-Hélène, où l’on mit à terre, en les abandonnant à eux-mêmes, tous les hommes composant l’équipage, à l’exception du capitaine et de deux matelots. Privés de leurs ressources, ces hommes se trouvèrent bientôt dispersés par la nécessité ; les uns revinrent directement en Amérique, les autres allèrent à Amsterdam ou à Liverpool, selon les occasions qui se présentèrent. Pendant cent vingt-cinq jours que le navire capturé reste au pouvoir du croiseur anglais, il est obligé d’abandonner sur la côte d’Afrique une partie de son chargement, qu’on ne lui permet pas d’embarquer ; en un mot, ses opérations commerciales manquent totalement par suite du retard et des obstacles qui l’empêchent d’arriver à temps sur les lieux où sa cargaison peut être vendue avec avantage. Cependant il a été reconnu par le gouvernement anglais que ce navire, saisi comme négrier espagnol, était une propriété réellement américaine, et qu’il appartenait à deux citoyens du Massachusetts, MM. Robert Brookhouse et William Hunt ; que le capitaine, le second et tout l’équipage étaient également Américains ; que les papiers du navire étaient parfaitement en règle, sauf quelques planches qui se trouvèrent à bord et qui ne figuraient pas sur le connaissement, où elles auraient dû être mentionnées ; enfin que ce navire était employé dans un commerce légitime, car il portait principalement du café, des étoffes de coton, sur la côte d’Afrique, où il allait chercher de l’ivoire et différens objets.

Maintenant que s’est-il passé relativement à la réparation due pour une saisie aussi abusive ?

Le 16 avril 1841, plus de six mois après l’arrestation du Seamew, la demande en réparation est adressée à lord Aberdeen par M. Stevenson, ministre des États-Unis à Londres. C’est seulement le 6 juin 1842, après un délai de plus d’un an, que lord Aberdeen admet le principe de l’indemnité due aux propriétaires lésés. Le débat s’engage