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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/687

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tenaient à ce sujet dans notre armée, ce qui amenait quelques-uns d’entre eux à venir parler à nos officiers, et leur dire qu’ils voulaient nous combattre ; — comme pourtant ils restaient tranquilles dans leurs fortifications ou très près, à l’ouest d’Édimbourg, nous résolûmes, le Seigneur aidant, de nous en approcher encore, et de voir si nous pourrions les combattre. Et véritablement, si nous étions arrivés une heure plus tôt ; nous croyons que nous en aurions eu probablement l’occasion.

« Dans ce dessein, le mardi, 27 courant, nous avons marché vers l’ouest d’Édimbourg, du côté de Stirling ; l’ennemi, voyant cela, manœuvra avec toute la hâte possible pour nous en empêcher, et les avant-gardes des deux armées escarmouchèrent dans un lieu où les marais et les défilés rendaient difficile aux deux armées d’approcher l’une de l’autre. Nous qui ne connaissions pas le terrain, nous avançâmes, espérant en venir aux mains ; mais nous trouvâmes cela impossible, à cause des marais et des autres difficultés.

« Nous fîmes avancer notre canon, et nous tirâmes dans la journée deux ou trois cents boulets sur eux ; ils nous en envoyèrent aussi un grand nombre, et c’est tout ce qui se passa entre nous tout ce jour-là. Nous avons eu environ vingt tués ou blessés dans cette affaire, mais pas un officier. Nous sommes informés que l’ennemi a eu environ quatre-vingts hommes tués et quelques officiers supérieurs. Voyant qu’ils voulaient garder leur terrain, et que nous ne pouvions pas les en chasser, et n’ayant plus de pain, nous fûmes obligés d’en aller chercher ; nous retraitâmes donc mercredi matin, vers les dix on onze heures. L’ennemi voyant cela, et craignant, comme nous le supposons, que nous allassions nous mettre entre Édimbourg et lui, ce qui n’était pas notre intention, quoique notre mouvement en eût l’air, l’ennemi retraita en toute hâte ; et, comme il y avait un marais et des défilés entre lui et nous, il n’y eut pas d’action importante, sauf des escarmouches entre l’avant-garde de notre cavalerie et la sienne, près d’Édimbourg, sans perte considérable d’aucun côté, excepté que nous lui prîmes deux ou trois chevaux.

« Le mardi soir, nous fîmes halte à un mille d’Édimbourg et de l’ennemi. La nuit fut tempestueuse et la matinée humide. Pendant la nuit, l’ennemi marcha entre Leith et Édimbourg, pour se mettre entre nous et nos vivres, car il savait que nous n’en avions plus ; mais le Seigneur, dans sa miséricorde, l’en empêcha, et, nous en étant aperçus le matin, nous arrivâmes, par la bonté du Seigneur, au bord de la mer, à temps pour nous ravitailler ; l’ennemi était rangé en bataille sur la colline, près d’Arthur’s-Seat, nous regardant, mais n’osant rien entreprendre.

« Et ainsi vous avez le récit des présens évènemens.

« Votre humble serviteur,

« OLIVIER CROMWELL. »


La petite ville de Dunbar, l’une des plus pittoresques et des plus sauvages de l’Écosse, est perchée sur un roc exposé à tous les ouragans