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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/719

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LA


LIGUE EN 1846.




La ligue est sans contredit l’exemple le plus complet et le plus éclatant du succès que peut obtenir un mouvement d’opinion en Angleterre. Pour la première fois dans l’histoire de ce peuple essentiellement hiérarchique, on voit, des bourgeois, des parvenus, se mettre en campagne sans arborer quelque drapeau blasonné et sans avoir à leur tête une fraction de l’aristocratie. Pour la première fois, une réunion d’hommes luttant contre des intérêts que la constitution protége n’appelle à son aide ni transactions ni délais, et remplit son programme, un programme de révolution, dans l’intervalle, des sept années que doit durer une législature. On a comparé les progrès de la ligue à la course d’une locomotive ; elle porte en effet le cachet, et elle est en même temps la merveille d’une époque d’improvisation.

Je ne veux rabaisser aucune des tentatives qui ont été faites, depuis le commencement du siècle, de l’autre côté du détroit, dans l’intérêt des libertés publiques. Tous les monopoles ont été successivement attaqués : après le monopole religieux, le monopole politique, et, après les privilèges qui avaient leur raison d’être dans l’histoire, le monopole plus récent dont jouissent, pour les produits de la terre, les propriétaires du sol. Aucune exception cependant ne tenait de plus profondes racines ; le privilège foncier enchaînait l’intérêt de celui qui cultive à