Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ses dépens, pour se rendre en quelque sorte maîtresse de la situation, se décida à une démarche dont le but n’était pas équivoque elle offrit sa médiation aux parties belligérantes.

L’espoir de M. de Stadion était que Napoléon refuserait d’accepter cette médiation, et que son refus fermerait la bouche à ceux qui, dans les conseils de l’empereur, s’étaient jusqu’alors opposés à l’intervention armée de l’Autriche. Le cabinet de Vienne une fois compromis par sa proposition et par la réponse négative de la France, il n’eût guère été possible, en effet, que les choses en restassent là. Ce qui rendait surtout ce calcul vraisemblable, c’est la nature des conditions préliminaires que M. de Stadion donnait pour bases à la médiation. Ces conditions étaient telles que, suivant toute apparence, Napoléon devait les repousser, et que, si au contraire il les admettait, si elles devenaient la substance d’un arrangement définitif, cet arrangement équivaudrait, pour l’Autriche et les alliés, à une victoire. Il ne s’agissait de rien moins que de procéder à un nouveau règlement des affaires d’Allemagne, — l’existence de la confédération étant, suivant le cabinet de Vienne, incompatible avec la sûreté de l’Autriche, — de prendre en considération les changemens à apporter dans le même esprit à l’état de l’Italie, et de remettre les provinces polonaises que la France venait de conquérir sur le pied où elles étaient avant la guerre, c’est-à-dire de les rendre à la Prusse. Les différends de la Russie avec la Porte, alors alliée de Napoléon, eussent été terminés conformément aux traités existans ; enfin l’Angleterre eût été admise à prendre part aux négociations.

Contre toute attente, Napoléon, dont la diplomatie était encore dirigée, à cette époque, par l’habileté temporisatrice de M. de Talleyrand, ne rejeta pas les propositions autrichiennes ; il se réservait probablement d’en éluder l’effet en suscitant des incidens. Les difficultés vinrent de la Prusse et de la Russie, qui, ayant conçu de plus vastes espérances, s’irritaient des lentes manœuvres du cabinet de Vienne et voulaient obtenir immédiatement de lui un secours plus efficace que celui d’une médiation. La réponse de la Prusse fut peu satisfaisante et même peu mesurée. A Vienne, on s’en montra très blessé. La Russie, de son côté, était fort mécontente du peu d’appui matériel que l’Angleterre apportait à la coalition. La bataille de Friedland, survenant au milieu de ces complications, termina la guerre continentale. Suivant l’énergique expression de sir Robert Adair, elle fit de l’Europe un débris. On sait quelles furent les conditions de la paix de Tilsitt. La France et la Russie, unies tout à coup contre l’Angleterre par une étroite alliance, forcèrent le continent tout entier à entrer avec elles dans cette lutte anti-britannique, ou au moins à rompre toute espèce de communications, soit politiques, soit commerciales, avec les maîtres de la mer. L’Autriche elle-même dut subir cette loi. Réduite désormais, comme M. de Stadion