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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/691

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donc un devoir pour une banque centrale d’adopter des règles telles que le papier des premières maisons vienne à elle, se fasse escompter chez elle régulièrement ; autrement la banque est infidèle à ce qu’on pourrait appeler l’un des principaux articles politiques de son contrat. Pour cela, il est un moyen aussi simple qu’efficace ; la banque n’a qu’à abaisser son taux d’escompte assez pour que le meilleur papier commercial recherche d’être escompté par elle. Si les effets porteurs des meilleures signatures trouvent couramment à s’escompter à 3 pour 100, il faut que la banque se contente de 3. Voilà donc un nouveau motif pour qu’une banque tienne le taux de son escompte au plus bas niveau possible. Répétons-le, telle est leur mission la plus importante, la plus immédiate, la plus sacrée ; c’est par cette baisse qu’elles agissent le plus sur la société et lui font le plus grand bien qu’on puisse attendre d’elles. La définition la plus pratique et la plus philosophique des banques consiste à dire que ce sont des institutions destinées à réduire le taux de l’intérêt dans l’ensemble des transactions.

Sans nous étendre davantage pour le moment sur la faculté de monnayage qu’exerce une banque, passons à la seconde attribution, corrélative de celle-ci, celle d’attirer à soi autant qu’elle le peut la portion de la richesse sociale qui est stagnante à l’état de numéraire. Les espèces dont on n’a pas le placement immédiat ou qu’on garde en caisse pour les besoins courans peuvent se rendre à la banque pour plusieurs motifs : elles y sont en sûreté plus que chez des particuliers, et, pour les règlemens de compte de maison à maison, il est plus commode et plus expéditif que les fonds de caisse soient à la banque. Ce n’est plus dès-lors qu’une affaire d’écritures fort rapides ; la banque n’a qu’à transférer au compte de celui-ci une partie de ce qui figurait à l’actif de celui-là. Ces dépôts, nommés comptes-courans, sont d’une grande utilité pour la banque. C’est ainsi, en effet, qu’il lui vient naturellement des espèces en quantité suffisante pour garantir le remboursement à vue de la partie de ses billets en circulation qui peut se présenter pour être changée, et même au-delà. Du même coup la société fait un profit. Les capitaux qui resteraient stériles dans les caisses des maisons de banque ou de commerce, dans les coffres-forts des particuliers, reçoivent une destination utile, ils circulent ou donnent de l’impulsion à la circulation. En cela, notre patrie est, on doit le reconnaître, bien en arrière de quelques autres nations. A Londres, à Birmingham, à Manchester, les particuliers, ceux-là même qui ne sont point dans les affaires, ne savent plus ce que c’est que d’avoir chacun sa petite caisse dans un des tiroirs de son.secrétaire. On a son capital, petit ou gros, chez un banquier, et celui-ci de son côté délivre son numéraire à la banque d’Angleterre, lorsque c’est à Londres, à l’une des banques locales, lorsque c’est en province. Dans tout paiement domestique, on s’acquitte avec un bon (check) sur