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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/874

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houilles de la Loire, de Blanzy et d’Épinac y sont transportées sans peine et à des prix modérés, au moins dans une notable partie du groupe, par la Saône, le canal de Bourgogne et le canal du Rhône au Rhin. On ne s’y sert pourtant guère de ce combustible, si ce n’est pour les machines à vapeur. Pourquoi donc ne l’applique-t-on pas à la fabrication du fer, au moins dans les forges les plus rapprochées des mines ? Il paraît qu’on l’avait essayé, il y a quelques années, dans plusieurs usines ; mais on n’a pas persisté dans ces essais, peut-être incomplets. On trouvait que le fer du pays, qui jouit d’une belle réputation, d’ailleurs bien méritée, y perdait quelques-unes de ses qualités les plus précieuses, et on est promptement revenu au charbon de bois, de peur d’altérer le mérite de ce produit. A la bonne heure, s’il y a des avantages réels à employer de préférence le charbon de bois, soit parce qu’il n’en coûte pas davantage, soit parce que la qualité du fer en compense suffisamment dans ce cas le haut prix, on fera bien de persister dans cette pratique. Qu’il soit reconnu seulement que c’est là pour les maîtres de forges de cette contrée l’effet d’un choix délibéré, et nullement la conséquence d’une nécessité fâcheuse. Dès-lors, dans ce groupe, non plus que dans les précédens, on n’est autorisé à se prévaloir des prétendus inconvéniens de sa position pour réclamer l’appui du monopole.

Quoique les houilles, au moins celles qui sont de provenance française, soient plus rares dans les autres groupes métallurgiques, ou y circulent avec plus de peine, il en est peu qui en soient entièrement dépourvus, et nous pourrions citer encore ailleurs un certain nombre d’usines qui s’en servent. Sans nous arrêter toutefois à ces détails, voyons maintenant quelles ressources nous offre à cet égard l’importation étrangère, et ce que nous pourrions en attendre sous un régime plus libéral.

Dans le groupe du nord-est, qui s’étend, le long de notre frontière, sur les départemens des Ardennes, de la Meuse, de la Moselle et du Bas-Rhin, quoique l’usage du charbon de bois, assez abondant d’ailleurs dans la contrée, soit encore répandu dans un grand nombre d’usines, l’emploi de la houille y est aussi très fréquent, et il tend, depuis 1835, époque du remaniement de notre tarif sur ce produit, à se propager de plus en plus. Ce groupe, est-il dit dans le dernier Compte-rendu des ingénieurs des mines, « dispose pour ses approvisionnemens d’un ensemble remarquable de voies navigables. Il s’appuie par ses deux extrémités, d’une part à la Sambre canalisée, de l’autre au Rhin et aux canaux de l’Alsace. L’intervalle compris entre ces points extrêmes est coupé en trois portions à peu près égales par trois autres voies navigables : la Meuse, la Moselle, la Sarre, et son prolongement, le canal des salines de la Meurthe. Ces voies navigables communiquent elles-mêmes