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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/143

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machine dite tondeuse, inventée par un Français et tellement perfectionnée aujourd’hui, qu’elle sert au rasage des cachemires les plus fins. Dans le flambage, on détruit par le feu les aspérités que présentent les étoffes en les exposant à la flamme d’un gaz en combustion, celui de l’éclairage par exemple. La seule précaution à prendre est de faire traverser le tissu par la flamme avec une rapidité de mouvement assez grande pour ne lui causer aucun dommage.

Pour que les couleurs puissent être fixées définitivement et conserver tout leur éclat, il faut, en outre, faire subir aux étoffes un apprêt, dont le but essentiel est d’enlever la matière colorante que contient toujours la fibre brute ; mais la présence de principes gras, résineux et autres vient compliquer ce blanchiment d’un dégraissage préalable. L’opération pratiquée dans les ménages pour couler les lessives, et l’effet mécanique que produisent les laveuses en battant leur linge, donnent une idée fort exacte de la série d’appareils qu’on peut employer pour dégraisser les tissus. Dans le blanchiment, on se sert du procédé qu’avait proposé l’illustre Berthollet, en se fondant sur l’action décolorante que le chlore exerce sur les étoffes. Ce procédé n’a plus maintenant aucun des inconvéniens qu’il avait primitivement présentés, depuis qu’on a substitué à l’emploi du chlore à l’état libre des dissolutions de substances qui le contiennent en combinaison.

Ce n’est point encore assez d’avoir parfaitement rasé et blanchi un tissu ; celui-ci doit subir une dernière préparation, qui le rendra plus apte à recevoir uniformément les couleurs. Dans le calendrage, qui est, en définitive, l’opération de la repasseuse exécutée sur une grande échelle, on fait simplement passer les toiles destinées à l’impression entre des cylindres qui les laminent et en lustrent convenablement la surface.

Dans le cas très simple où une seule teinte doit être appliquée sur un fond blanc, il suffit, à moins de vouloir compliquer le dessin en y marquant des ombres ou des doubles nuances, de plonger l’étoffe, préalablement mordancée s’il y a lieu, dans la liqueur colorante. On n’aura alors qu’à régler convenablement le nombre et la durée des immersions, de manière à obtenir la nuance voulue. C’est ainsi qu’on procède essentiellement à la teinture en garance, opération fondamentale pour le fabricant d’indiennes. Seulement le garançage présente cette curieuse particularité, que le bain de couleur doit nécessairement contenir de la craie en proportion déterminée. Ce fait industriel fut signalé, pour la première fois, par J.-M. Haussmann, en 1781. Après avoir obtenu de magnifiques couleurs garancées aux environs de Rouen, il était allé s’établir à Colmar, où, malgré une parfaite identité de procédés, il ne pouvait produire rien de beau, ainsi qu’il l’écrivit à Berthollet. Analysant alors successivement, avec toute la patience et la sagacité de son esprit inventif, les matières diverses dont il faisait usage, il découvrit bientôt que ses mécomptes provenaient uniquement de ce que les eaux de l’Alsace étaient dépourvues de craie. En effet, l’addition de ce calcaire rendit à Haussmann les succès qu’il avait toujours obtenus pour la solidité de ses couleurs et la vivacité de leurs nuances. Depuis cette découverte, les fabricans portent la plus grande attention à la composition des eaux dont ils font usage, et complètent soigneusement la proportion de craie qu’elles contiennent généralement.

Pour peu qu’on réfléchisse aux conditions dans lesquelles est placé le fabricant