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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/187

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REVUE. — CHRONIQUE.

des divisions territoriales et des races de l’Italie. L’auteur, qui se cache trop modestement sous des initiales, expose très nettement les diverses législations qui régissent chaque partie de la péninsule. Les pages qu’il a consacrées aux états du pape offrent des renseignemens curieux sur un gouvernement auquel, depuis des siècles, les guerres, les invasions, n’ont jamais fait subir que des modifications momentanées. Nous citerons encore un vif tableau des souffrances matérielles qui accablent les classes inférieures de la société italienne. Grace à ces curieux détails, nous connaissons de l’Italie ce qui échappe presque toujours à l’attention distraite des touristes, c’est-à-dire la population, les institutions, les mœurs. L’auteur des articles publiés dans l’Ausonio, en signalant avec franchise les maux réels qui affligent son pays, sait d’ailleurs faire justice de certains préjugés, qui le montrent éternellement voué au brigandage et à la paresse « Ceux qui tonnent contre la nonchalance italienne, dit-il à ce propos, devraient savoir que, chez nous, l’homme ne manque pas au travail ; c’est le travail qui manque à l’homme. Créez des usines, des manufactures, et si jamais, faute de bras et de zèle, ces établissemens venaient à périr, oh ! alors seulement il vous serait permis de maudire la paresse italienne. » Quelques essais sur l’histoire de l’Italie, bien que signés d’initiales différentes, sont probablement dus à la même main ; ils contiennent des indications précieuses sur la marche politique si habilement suivie par la maison de Savoie, depuis son origine jusqu’à la révolution française. — Tout en accordant une large place aux questions historiques et politiques, l’Ausonio fait aussi passer sous nos yeux les recherches des érudits, les travaux des économistes, les créations des poètes. Nous y avons lu avec intérêt une longue lettre de l’illustre auteur des Fiancés sur la lutte des classiques et des romantiques, des poésies de P. Mamiani et de R. Cecilia, des notices du savant Langi sur différens monumens antiques ou arabes de Venise, de Pise et de Rome. Au milieu de cette diversité de travaux, ce qui nous a constamment frappés, c’est l’unité des tendances, c’est le sentiment si élevé, si complet de la situation et des vrais besoins de l’Italie, qui se fait jour de toutes parts. Rendre à la nation italienne la conscience de sa force et de ses droits, travailler par d’utiles conseils à son amélioration morale et matérielle, tel doit être désormais le but des amis éclairés d’un pays où des tendances à la fois si libérales et si pratiques se prononcent et s’affermissent chaque jour. Tel est celui que se sont proposé les écrivains auxquels l’Ausonio sert d’organe. Puissent-ils persister dans une voie déjà féconde, et cette utile publication prendre une place distinguée dans le mouvement littéraire de leur pays !



DES RELATIONS COMMERCIALES DE LA TURQUIE[1]


Ce qui frappe surtout aujourd’hui l’attention européenne quand elle s’applique aux affaires intérieures de l’empire ottoman, c’est la grande pensée de réforme

  1. Nous devons la plupart des informations dont nous allons nous servir relativement au commerce turc à l’un des agens les plus distingués que la France ait eus dans les Echelles.