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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/27

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été modifiées profondément. Dans l’état actuel des choses, il enchérirait l’argent au lieu d’en réduire le prix coûtant[1].

Le procédé de Freiberg pour l’économie du mercure une fois écarté, restaient les méthodes fondées sur l’emploi des forces électrochimiques, qui sont douées de la puissance de rompre les combinaisons les plus intimes des corps, afin d’en extraire un des composans. Il s’agissait de retirer ainsi l’argent de ses minerais. Beaucoup de personnes s’en occupent. En France, M. Becquerel a attaché son nom à ces recherches. Ici même, à Réal del Monte, M. Mackensie, vieux praticien écossais, encore vert de corps et jeune d’esprit, que j’ai trouvé dirigeant l’établissement de Real del Monte, ne se borne pas à s’enquérir avec anxiété des travaux de M. Becquerel, à interroger sur ce point les publications et les voyageurs de l’Europe ; il a lui-même un laboratoire, oratoire mystérieux où il procède à des expériences avec une ferveur qui m’a fait ressouvenir des alchimistes accroupis pendant des années entières auprès de leurs fourneaux ; mais jusqu’ici la sibylle électrique ne lui a point révélé ses mystères. Il y a tout lieu cependant de croire qu’un procédé d’extraction par l’emploi des forces électrochimiques sera découvert ; c’est même déjà fait. Les travaux de M. Becquerel sont arrivés à leur terme. Il est parvenu, depuis quelques années, à donner à la méthode électro-chimique le caractère industriel. M. Duport a pu en faire des essais sur 4,000 kilog. des principaux minerais mexicains qu’il avait fait venir à Paris ; il en avait pratiqué d’autres sur les lieux. « Le résultat de mes recherches, dit-il, a été favorable au procédé électro-chimique, pour un grand nombre de minerais, je ne dis pas seulement dans l’hypothèse assez peu probable d’un manque absolu de mercure, mais même avec le haut prix actuel du vif-argent. » Cependant ce procédé n’a été adopté encore par aucune usine, et ne paraît pas devoir l’être encore, ce que M. Duport explique par plusieurs motifs dérivés tous des circonstances sociales, politiques et économiques, dans lesquelles le Mexique se trouve engagé. Et c’est ainsi que la manière d’être toute spéciale de ce pays vient constamment rendre difficile ou impossible ce qui semble parfaitement aisé, lorsqu’on juge les choses d’après la manière dont elles se passeraient dans l’un quelconque des états avancés de l’Europe ou aux États-Unis.

Dans une contrée où l’on est complètement étranger aux arts mécaniques,

  1. C’est ce que les calculs de M. Duport mettent en évidence, même en faisant abstraction de la force motrice et du sulfate de fer. Ils montrent que, pour économiser en mercure une valeur représentée par moins de 112 grammes d’argent, il faudrait dépenser en sus, pour un supplément de sel et de combustible, une valeur de 142 grammes. Le procédé de Freiberg d’ailleurs perd son avantage d’économiser le mercure dans le cas où le minerai renferme de la galène (plomb sulfuré), et dans le plus grand nombre des minerais mexicains cette substance se trouve en assez forte proportion.