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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/28

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la simplicité extrême du procédé et des appareils qui servent à l’amalgamation mexicaine est un grand obstacle à toute innovation ; car où prendre des agens qui soient aptes à conduire une opération plus complexe, ou à manier des appareils plus délicats ou plus savans ? En second lieu, un gros capital serait indispensable, parce que toute construction industrielle est fort chère au Mexique. L’usine de Régla, avons-nous dit, a coûté 10 millions de francs. Pour acclimater un procédé nouveau, les inventeurs, qui d’ordinaire ne sont pas gens à capitaux, devraient intéresser les chefs d’industrie ; mais ceux-ci ne consentent à risquer de grosses sommes que lorsqu’ils font de gros bénéfices, et, depuis plusieurs années, les mineurs mexicains en général ont mauvaise chance. Supposons cependant un inventeur qui soit enfin parvenu à obtenir un capital passable ; il ne serait pas au bout de ses peines, car il faudra se procurer du minerai en quantité suffisante et d’une qualité reconnue. Or, à moins d’avoir une mine à soi, c’est impossible ; la manière dont s’achète le minerai est entièrement aléatoire. C’est ainsi qu’à chaque instant on rencontre devant soi, comme un mur à pic, les usages ou les mœurs, la routine, les préjugés, l’indolence, tout ce qui caractérise enfin une civilisation incomplète, où l’homme n’a que très imparfaitement assis son empire sur le sol, sur la nature, sur soi-même. Et puis, quel motif pourrait avoir un inventeur pour aller au Mexique recommander l’adoption d’un procédé nouveau ? Qu’en retirerait-il ? La protection dont jouissent les brevets d’invention dans un pays où l’administration de la justice est au moins très lente lorsqu’elle n’a pas de pires défauts, est trop douteuse pour qu’on puisse s’y fier. Enfin le procédé électro-chimique a, dans l’état des choses, un inconvénient réel il exige une beaucoup plus forte quantité de sel. On pourrait, à la vérité, par une opération de plus, retirer la majeure partie de ce sel des boues dans lesquelles il reste dissous sans être dénaturé ; mais les appareils propres à cette régénération formeraient un matériel considérable, dispendieux et embarrassant. Sous ce rapport donc, c’est plutôt par l’abaissement du prix du sel, ou en d’autres termes par l’amélioration des voies de transport, ce qui suppose toute une révolution au Mexique, que le traitement électro-chimique, qui pourrait dispenser totalement de l’emploi du mercure pour l’extraction de l’argent à froid, deviendrait applicable avec avantage à un grand nombre de minerais : ce sont les expressions de M. Duport, qui ne dit pas à tous.

Voilà donc le traitement électro-chimique d’un succès presque désespéré dans l’état présent des choses. M. Duport paraît avoir, à part lui-même, un autre procédé qui, dit-il, serait sûr et prompt, qui exigerait du mercure, mais n’en consommerait que le cinquième ou le sixième de ce qui s’en dévore aujourd’hui, et qui retirerait l’argent plus empiétement que la méthode actuelle ; mais M. Duport, qui est un