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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/530

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le 20 novembre 1807. Leur organisation et leur direction échappèrent à l’attention de la cour de Madrid, qui n’apprit leur véritable destination que lorsqu’elles débouchèrent successivement, comme autant de torrens, des Pyrénées sur l’Èbre.

Les places de Figuières, de Barcelone, de Pampelune et de Saint-Sébastien étaient pour la plupart mal approvisionnées et occupées par des garnisons insuffisantes. Grace à la précision et à la vigueur avec lesquelles sont exécutés les ordres de l’empereur, elles tombent toutes, et presque le même jour, entre nos mains. La ruse nous en ouvre les portes, et la lâcheté ou l’imprévoyance nous les livrent.

Dans les premiers jours de février 1808, le général de brigade Darmagnac pénétra en Navarre par le défilé de Roncevaux, et se porta vivement avec trois bataillons seulement sur Pampelune. La ville, qui n’est point fortifiée, lui ouvrit ses portes et lui fit un accueil cordial. Cependant le marquis de Valsantoro, vice-roi de Navarre, qui commandait dans la citadelle, se tenait sur ses gardes. Le 16 février, de grand matin, soixante soldats français déterminés se présentent aux portes de la citadelle pour y chercher, comme d’habitude, leurs rations. La pluie tombait en ce moment. Les uns se pelotonnent négligemment sur le tablier du pont ; les autres, comme pour s’abriter, se réfugient dans le corps-de-garde. A un signal convenu, ces derniers se jettent sur les fusils du poste, s’en saisissent et désarment les sentinelles qui sont en faction. Le général Darmagnac s’élance lui-même à la tête d’un bataillon du 47° et s’empare de la citadelle.

Le général Nicholas, détaché du corps d’armée du général Duhesme, se présenta, le 16 février, avec deux bataillons aux portes de Figuières, fut introduit seul auprès du commandant de la place, et lui annonça qu’un grand personnage était prochainement attendu en Espagne. Il laissa pressentir que ce personnage n’était autre que l’empereur Napoléon en personne, et qu’il lui avait donné l’ordre d’aller l’attendre à Figuières. Puis, de l’air le plus naturel, il demanda à séjourner quelques jours avec ses troupes dans la citadelle. Le commandant était un vieillard dépourvu de sagacité ; sa garnison se réduisait à trois cents gardes wallones et canonniers. Il tomba dans le piége ; il ouvrit les portes de son fort aux deux bataillons français qui s’y établirent pour n’en plus sortir que sur un ordre de l’empereur.

Duhesme avait été reçu sans défiance dans les murs de Barcelone il avait annoncé qu’il n’y ferait qu’un court séjour, et que c’était à Valence qu’il avait l’ordre de se rendre. Le 16 au matin, il rassembla toutes ses troupes sur les glacis de la citadelle et les passa en revue. La population, avide de contempler ce spectacle, s’y porta en foule ; les soldats espagnols vinrent eux-mêmes, sans armes et sans défiance, se mêler au groupe du peuple. Le gouverneur, qui ne soupçonnait aucun piége,