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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/423

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le 8 mars suivant, au bruit des cloches et salué par les acclamations d’une foule enthousiaste.

Pendant que Santa-Anna revenait en triomphateur à San-Luis Potosi, un nouveau soulèvement avait lieu à Mexico, Le gouvernement démocratique, personnifié dans le vice-président Gomez Farias, avait trop long-temps pesé sur la nation. Quelques régimens de la garde nationale, sous les ordres du général Matias Peña y Barragan, résolurent de renverser le vice-président. Ces régimens, composés de propriétaires, commencèrent par s’emparer de toutes les églises où ils purent placer une garnison suffisante. L’autre portion de la milice restée fidèle à Gomez Farias, et celle-là ne se composait que de la classe des leperos, ennemis naturels de toute propriété, s’empara à son tour de toutes les églises restées disponibles, du palais et de la citadelle. La guerre civile menaçait de s’éterniser. Pendant vingt-neuf jours, des soldats déchaînés firent une guerre d’extermination aux habitans qui paraissaient à leurs balcons comme aux passans inoffensifs que les besoins de la vie ou la curiosité poussaient dans la rue. Aucun des deux partis ne gagnait cependant un pouce de terrain, car aucun des deux partis n’osait risquer une attaque sérieuse. La présence de Santa-Anna pouvait seule mettre un terme à ces massacres quotidiens : on n’en voulait qu’à Gomez Farias. Santa-Anna revint donc prendre la présidence, et la tranquillité se rétablit à peu près. Malheureusement ces tentatives avortées avaient mis de nouveau en présence les prolétaires et la classe riche. La populace du Mexique se sentait en appétit de meurtres et de pillages. L’ordre public ne fut rétabli qu’en apparence, et des assassinats partiels succédèrent aux massacres organisés.


VI.

La défaite de Buena-Vista et le réveil de la guerre civile étaient deux coups terribles pour la république. Un nouvel échec vint bientôt la pousser encore plus près de sa ruine. Les Américains débarquèrent à l’île des Sacrificios, près de Vera-Cruz, au nombre de 12,000 hommes, dans les premiers jours du mois de mars 1847.

Vera-Cruz n’offre aux vaisseaux pour tout abri qu’une rade foraine mal protégée d’un côté par la plage qui s’arrondit en fer à cheval, de l’autre par l’île des Sacrificios, l’île Verte, et plus loin par la pointe de San-Anton Lizardo. A une distance à peu près égale de l’île des Sacrificios, de la baie et de la ville, c’est-à-dire à trois quarts de lieue de ces divers points, s’élève l’imposant château de San-Juan d’Ulùa. En dépit du ciel bleu qui la domine, de la mer azurée qui baigne ses murs, Vera-Cruz, bâtie sur une plage basse et sablonneuse, présente un aspect d’ordinaire assez lugubre. Le regard, attiré par la rade sillonnée