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Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 19.djvu/557

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très aigu, soulève les ressorts par-dessous. Ce dispositif, dont l’essai a été fait sur un rail-way de 1,700 mètres établi près de la gare Saint-Ouen, — première application en France du système atmosphérique, — nous a paru supérieur à la soupape anglaise ; nous regrettons qu’une expérience décisive n’en ait pas été faite au chemin de Saint-Germain.

On se rappelle peut-être l’effet que produisit, en 1840, la première nouvelle de l’apparition du système atmosphérique à Wormwood-Scrubs ; à peine le système locomotif avait-il été connu en France, qu’il semblait destiné à être remplacé par un autre dont on détaillait avec enthousiasme les divers avantages, particulièrement au point de vue de la sécurité. Il n’était plus permis d’ailleurs de reléguer cette merveilleuse invention parmi les théories ; le chemin d’essai.n’avait pas moins de 800 mètres, et M. Teisserenc, qui avait assisté aux expériences, en avait fait l’objet d’un mémoire adressé à l’administration. Quatre ans plus tard, on apprenait qu’une application plus sérieuse encore venait d’être faite dans le royaume-uni, et le ministre des travaux publics envoyait en Irlande un inspecteur divisionnaire des ponts-et-chaussées, M. Mallet, avec mission d’apprécier quelle influence devait avoir le système atmosphérique sur l’avenir des chemins de fer. M. Mallet, dans un rapport fort remarquable, décrivit avec détail le rail-way de Kingstown à Dalkey, les expériences qu’on y avait faites, et, comparant les dépenses d’établissement et d’exploitation des deux systèmes en présence, indiqua de quelle manière il entendait l’application des chemins atmosphériques. Tout en convenant de la gravité des objections que pouvait soulever le nouveau système, il les détruisait avec un peu d’optimisme. « Présentent-elles, disait l’habile ingénieur, des difficultés insurmontables ? sont-elles de nature à faire abandonner le système atmosphérique ? Je ne le pense pas ; c’est pourquoi je demande un essai. Si tout était parfait dans ce système, l’essai serait inutile, et on n’aurait plus qu’à en faire des applications, certain que l’on serait du succès ; mais, malgré le pas énorme fait en Irlande, de grands perfectionnemens restent à trouver. » Le gouvernement, s’associant au vœu qu’exprimait ainsi M. Mallet, présenta aux chambres législatives un projet de loi par lequel il demandait une allocation de 1,800,000 fr. pour faire appliquer le système atmosphérique. La loi fut votée, et une ordonnance royale confia à la compagnie du chemin de fer de Paris à Saint-Germain l’exécution de cette entreprise. La ligne primitive, que la situation de Saint-Germain au sommet d’une colline élevée avait obligé, par économie, d’arrêter à la commune du Pecq, devait être continuée jusqu’au parterre. La ville, directement intéressée à la réussite de ce projet, se montra généreuse en ajoutant 200,000 fr. à la subvention de l’état ; mais ces deux sommes réunies ne devaient pas former le tiers de ce que coûtera l’essai du système atmosphérique.

La différence de niveau considérable qui existe entre le Pecq et le plateau de Saint-Germain eût rendu difficile un prolongement réel de l’ancien rail-way. Il a paru préférable de quitter cette voie à 1,500 mètres de la gare d’arrivée du Pecq. Le système atmosphérique sera appliqué de Nanterre à Saint-Germain, c’est-à-dire sur une longueur de 8,770 mètres. Les retards apportés par les maîtres de forges à la livraison des tubes pneumatiques ont empêché la compagnie, dont tous les travaux sont faits, de livrer à la circulation la totalité du nouveau chemin. La compagnie s’est néanmoins décidée à en ouvrir immédiatement une