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AFFAIRES D'ESPAGNE




LA QUESTION DU PALAIS. - LES PARTIS ET LE MINISTERE.




L’Espagne a le triste privilège de frapper l’attention par l’exemple de toutes les vicissitudes publiques, de subir même des épreuves inconnues des pays qui l’ont devancée dans la voie des révolutions, et telles qu’il était raisonnablement permis peut-être de ne plus les prévoir ou les craindre avec le nouveau cours d’idées qui tend à se former. Il est dans son destin de tromper les vœux de ses plus confians amis, et de justifier plus d’une fois encore les défiances arrogantes de ses ennemis, qui continuent de refuser à ses institutions constitutionnelles la sanction d’une reconnaissance officielle. L’instabilité dans le pouvoir, la fragilité de la politique, une licence effrénée des passions, une brusque succession d’événemens sanglans ou futiles, c’est là ce qu’on a pu trop souvent remarquer au-delà des Pyrénées depuis quinze ans ; voilà les traits principaux et peu rassurans, on doit l’avouer, de la révolution espagnole. Cette situation, qu’on pouvait d’abord juger transitoire, bien loin de s’améliorer cependant, a pris dans ces derniers mois un caractère nouveau de gravité, et elle s’est compliquée de circonstances tellement confuses, d’un tel mélange de contradictions, d’intrigues obscures, de passions équivoques, que la presse européenne s’est arrêtée comme devant une énigme inexplicable, bornant sa tâche à reproduire les récits inventés souvent par la curiosité pour se nourrir elle-même.

Certes, en ce moment, il ne manque point de pays qui offrent un saisissant spectacle et peuvent diversement influer sur l’avenir de l’Europe.