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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/741

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ce haut fonctionnaire lui-même fût poursuivi criminellement aux Indes[1].

Avant la prise de Jaccatra, en 1619, les gouverneurs-généraux n’avaient pas de résidence fixe aux Indes. Both, Reynst et Reaal se rendaient avec leurs flottes partout où ils croyaient leur présence nécessaire, s’arrêtant tantôt à Bantam, tantôt à Ternate ou à Amboine ; mais, Jaccatra une fois prise, Koen en fit « le rendez-vous général de la compagnie, » et le château de Batavia, construit et armé par lui, devint la résidence du gouverneur-général. Les directeurs donnèrent leur approbation au choix fait par Koen, et, quoique cette position fût loin de répondre complètement à leurs vues[2], ils lui firent savoir « qu’il ne fallait plus songer désormais à changer le lieu de la résidence, mais veiller pour le plus grand bien de la compagnie, ainsi que pour celui des bourgeois et des habitans de la ville, à ce que le château de Batavia et la ville fussent mis à l’abri de toute attaque et de toute invasion de la part des ennemis du dehors, publics ou cachés ; qu’avant tout, il fallait mettre bon ordre à la régence de la ville. La régence devait être regardée comme étant placée sous le contrôle de

  1. En 1741, à la suite du massacre des Chinois, épouvantable boucherie ordonnée par Valckenier pour prévenir l’explosion d’une conspiration tramée par eux, dit-on, dans une pensée d’extermination contre les Européens, ce gouverneur-général résigna ses fonctions et partit pour la Hollande ; mais, avant relâché au cap de Bonne-Espérance, il y fut arrêté par ordre des directeurs de la compagnie des Indes, et renvoyé à Batavia pour y rendre compte de sa conduite. Dans le cours de son procès, qui dura plusieurs années, il mourut en prison.
  2. L’instruction de 1617, après avoir insisté (art. 76) sur le choix opportun d’un ou plusieurs lieux de réunion ou stations, en vue des intérêts commerciaux de la compagnie, et eu égard au commerce anglais et français, expliquait que les localités choisies devaient satisfaire aux conditions suivantes :
    1° Que les endroits soient propices pour les appareillages et les mouillages, et où l’on puisse louvoyer aisément et ne pas craindre les changemens de mousson ;
    2° Que les points choisis soient également favorables à l’arrivée des jonques chinoises en une seule mousson ;
    3° Qu’ils soient bien approvisionnés ou dans le voisinage d’autres lieux où l’on puisse se procurer facilement l’eau douce, le bois, les matériaux nécessaires à la construction et aux réparations des bâtimens et à leur équipement ;
    4° Qu’à Bantam, en particulier, on fasse de tels arrangemens que les Anglais n’y puissent pas faire concurrence à notre commerce ;
    5° Que ces places de rendez-vous pour les navires soient fortifiées, ou séparées, ou faciles à séparer de la terre ferme, afin de ne pas être exposées à un coup de main ;
    6° Qu’il s’y trouve une bonne rade ou port pour que les vaisseaux y soient à l’abri ;
    7° Enfin, que ces stations soient situées de manière à pouvoir facilement et annuellement servir de points de départ à des expéditions, soit par terre, soit par mer, nuisibles à l’ennemi et capables de protéger nos alliés et les comptoirs de la compagnie, et de mettre à l’abri d’un coup de main les provisions, munitions, livres, archives, etc., de nos comptoirs, évitant ainsi ce qui a eu lieu à Bantam et autres endroits.