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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 5.djvu/309

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agens politiques et aux commandans des frontières, leur adressait encore des instructions qui semblaient reculer indéfiniment l’époque d’une transaction. « Il y a, disait-il, trois principes qui doivent servir de base avant tout à cette réconciliation, et sur lesquels nous ne céderons en rien, à aucune condition, car autant vaudrait nous suicider de nos propres mains. Ces principes sont : 1° l’unité de l’état ; 2° l’intégrité du territoire de l’état, telle qu’elle existe depuis des siècles ; 3° la suprématie de l’élément magyar, acquise depuis mille ans les armes à la main, fondement de notre autonomie et consacrée par l’usage de la langue magyare comme langue diplomatique. » Et, après avoir pris ainsi le principe de la conquête pour drapeau, le ministre rappelait les privilèges de la langue magyare. « Ils ont été, continuait-il, définis par les lois. Ainsi les délibérations du corps législatif, les lois, les documens qui s’y rapportent, sont rédigés en langue magyare. Le magyare est aussi l’idiome de l’administration, des tribunaux inférieurs et supérieurs, des écoles supérieures, des matricules ou registres des naissances et des décès. » Comment ensuite prendre au sérieux ce que M. Casimir Bathianyi regardait comme une concession ? « Cependant, disait-il, pour lever toute difficulté, le gouvernement magyar est prêt à accepter, au nom du pays, toutes les conditions par lesquelles les peuples de langues différentes croiront mieux garantir leurs nationalités, pourvu que ces conditions s’accordent avec les trois principes que j’ai posés. Il est donc prêt à confier l’administration des affaires, ecclésiastiques aux fidèles de chaque religion, en les laissant libres d’y faire usage de leur propre langue ; ils auront la même liberté dans toutes les affaires particulières qui regardent leurs écoles, leurs familles, leurs communes, leurs procès devant les tribunaux inférieurs. »

A la suite des premières défaites de Georgey et de Bem en Transylvanie, quand l’image de la mort se fut présentée de toutes parts sous son aspect saisissant au gouvernement insurrectionnel, M. Kossuth, le ministère et l’assemblée nationale commencèrent à se montrer moins hostiles aux projets de transaction. Dans le trouble qui s’empara de tous les esprits, on en vint même à faire une partie des concessions que sollicitaient les agens de la race valaque. C’est à Szegedin, dans ce nouvel asile d’un gouvernement pour la seconde et dernière fois fugitif, c’est le 14 juillet, un mois avant la fin de la guerre, que le ministre Casimir Bathianyi donna connaissance aux Valaques de cette résolution tardive. Quant aux demandes des Polonais en faveur des Slaves, les Magyars hésitaient encore ; ils ne se résignèrent qu’à l’heure suprême et au moment d’expirer, dans Arad, à ce dernier et douloureux sacrifice. A peine les Valaques eurent-ils le temps de prendre connaissance des nouveaux droits qu’on leur concédait de si