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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 5.djvu/968

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chargea une commission, dite de l’assistance et de la prévoyance publiques, de lui présenter un programme à cet effet. Afin d’investir les opérations de la commission de plus de solennité et d’y assurer le concours de plus de savoir et d’expérience, l’assemblée l’avait composée extraordinairement de trente membres, et la plupart des choix étaient tombés sur des hommes considérables, dont plusieurs étaient versés de longue main dans la pratique des affaires. Les élémens dont la commission était formée semblaient garantir qu’il sortirait de ses travaux un ensemble de propositions dignes d’exciter la reconnaissance des masses populaires et celle de tous les bons citoyens, qui souhaitent ardemment que l’état se pacifie.

Au moment de publier ces pages, qui ont pour objet l’examen du rapport de cette commission, j’éprouve un véritable embarras. Ce rapport a été assailli avec une sorte d’acharnement ; on en a parlé comme s’il exprimait l’opinion du rapporteur seul, et l’on a accusé celui-ci d’être systématiquement opposé aux intérêts populaires. En critiquant ce document, car j’ai à y signaler, à ce que je crois, de graves défauts, il semble qu’on se rende solidaire de tous ceux qui l’ont déjà blâmé, et c’est cette solidarité que je décline absolument. Je ne considère point le rapport comme appartenant au rapporteur tout seul. Quelle que soit l’influence qu’acquiert bientôt M. Thiers partout où il siége, une grande commission de trente membres, parmi lesquels on compte beaucoup d’illustrations, pense par elle-même. La forme seule est tout entière à M. Thiers ; mais, à cet égard, le rapport est une de ces œuvres que, si l’on est juste, on ne peut que louer. Quant au reproche adressé au rapporteur d’être systématiquement l’ennemi des intérêts populaires, je ne le discuterai pas. D’abord, j’ai à m’occuper non du rapporteur, quelque haute position qu’il ait, mais de la commission, qui seule est responsable. En second lieu, il ne s’agit pas de scruter ici la conscience des hommes : c’est Dieu et, quand les événemens sont définitivement consommés, l’histoire qui ont ce droit. La polémique ne l’a pas, quoiqu’elle se l’arroge. Je ne puis cependant m’empêcher de dire que je trouve l’accusation souverainement injuste. Né plébéien, M. Thiers n’a jamais récusé son origine. À une époque où la manie des titres avait