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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/151

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roi tant accusé d’avoir dilapidé les ressources de la France a bien pu en effet les détourner à son profit, elle ne doute pas, elle commence par croire. Plus tard, ceux-là même qui ont favorisé cette croyance sans la partager perdront toute autorité pour la détruire, et ils trouveront la punition d’une première faiblesse dans l’impuissance même d’en maîtriser les résultats.

Louis-Philippe ressentit non pas le mal, mais bien plutôt l’injure qui lui était faite, et cependant il sut, comme toujours, imposer silence à la juste amertume de ses sentimens. « Ils semblent prendre à tâche, » m’écrivait-il à ce sujet, « de me faire regretter tout l’argent que j’ai employé à embellir et à augmenter le domaine qui a fait retour à l’état ; mais ils auront beau s’y donner du mal, ils ne parviendront pas à me faire repentir du bien que je leur ai fait. »

Pour nous qui ne dominons pas de si haut la calomnie, pour nous qui avons des devoirs à remplir, non pas envers nous-même, mais envers une grande mémoire, nous nous placerons en face des calomniateurs, et nous leur dirons en résumant la première partie de notre travail :

Vous aviez accusé Louis-Philippe d’astuce et de déloyauté ; ses correspondances les plus intimes vous ont répondu.

Vous aviez accusé Louis-Philippe d’égoïsme et d’avarice ; sa sollicitude pour d’augustes infortunes et sa munificence prodigue envers plusieurs de vos amis vous ont répondu.

Vous avez accusé Louis-Philippe d’avidité dans la question des dotations ; il vous a répondu en se montrant dans les conseils de son gouvernement roi constitutionnel bien plus que père de famille.

Vous avez accusé Louis-Philippe d’avoir dilapidé le domaine de la couronne ; il vous a répondu en dotant volontairement l’état de 48 millions et demi dont vos amis ont pris possession en 1848 au nom de la république.

Dans une dernière partie, nous poursuivrons cette lutte de la vérité contre l’erreur et la calomnie.


COMTE DE MONTALIVET.