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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 8.djvu/536

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plus que scrupuleux envers l’état dans l’accomplissement de ses devoirs d’usufruitier.

Si l’on considère ensuite le chiffre total du tableau, on arrive aux résultats suivans : Louis-Philippe a dépensé, dans l’intérêt de l’état, une somme supérieure (année moyenne) à 12,700,000 fr., c’est-à-dire plus des deux tiers du revenu brut de la liste civile et de toutes les parties du domaine de la couronne ; ce revenu a été annuellement de 18,984,000 fr. environ[1]. Il a employé seulement 6,300,000 fr., c’est-à-dire moins du tiers de sa liste civile et du produit de la dotation immobilière de la couronne, aux dépenses réelles de la royauté, au service personnel et d’honneur, à l’entretien d’écuries qui contenaient trois cent quatre-vingts chevaux, à toutes les dépenses de maison, à celle d’une table qui recevait jusqu’à vingt-huit mille invités dans le cours d’une année, aux voyages royaux, à ceux des souverains étrangers, aux dépenses des princes de la famille royale dans leurs voyages ou dans leurs commandemens, enfin au paiement des dots stipulées par les traités de mariage, et que l’inexécution de la loi du 2 mars 1832 avait laissées à sa charge. Cette somme est d’ailleurs inférieure de 1,650,000 fr. à celle que le budget de l’état alloue aux dépenses du nouveau souverain, personnifié aujourd’hui dans le président de la république et l’assemblée nationale, et doté à ce titre d’une somme de 7,930,000[2], prélevée sur les impôts du pays.

En résumé, le roi avare, usufruitier d’une portion du domaine de l’état, l’a entretenu avec plus de soin et à plus grands frais que ne le fait l’état rentré en possession de son domaine.

Le roi cupide a affecté à des améliorations, à des encouragemens, à des dons de toute espèce, une somme de 110 millions environ, dont l’emploi sans contrôle appartenait tout entier à son libre arbitre, à sa volonté absolue.

En résumé, le monarque a puisé beaucoup moins largement dans le trésor public pour les besoins intérieurs de sa royauté et de sa famille que le nouveau souverain pour ses dépenses personnelles.

Le roi Louis-Philippe a répondu sur tous les points par des bienfaits aux accusations incessamment dirigées contre sa parcimonie, si bien que le public, s’éclairant chaque jour davantage, ne sait déjà ce qui doit l’étonner le plus, de l’impudence des calomniateurs, ou de sa propre crédulité.

  1. Cette moyenne a été calculée sur dix-sept années et demie ; elle peut varier, mais d’une quantité tout-à-fait insignifiante, par suite de la rentrée de quelques produits non encore recouvrés sur 1847.
  2. Nous n’avons pas fait entrer dans nos calculs le crédit supplémentaire de 2,160,000 f. voté le 25 juillet 1850 en faveur du président.