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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/250

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production elle-même étant obtenue sans beaucoup de travail, il en revient une plus large part au propriétaire.

La plus grande partie du comté étant en pâtures, les industries agricoles généralement pratiquées sont l’élève des moutons pour la boucherie et l’entretien des vaches laitières pour le beurre. Sur ce sol maigre et brûlant comme celui des clowns de Sussex, qu’il reproduit à beaucoup d’égards, tout autre système de culture serait probablement onéreux et improductif. Celui-ci permet de payer en moyenne une rente d’environ 60 francs par hectare. Le produit annuel d’une vache en beurre était évalué, avant 1848, à 10 livres sterling ou 250 francs; après la baisse des prix, il a, été réduit environ d’un dixième. Quant aux moutons, l’importance d’une ferme se mesure à la quantité qu’elle en nourrit. Le comté de Dorset ayant peu d’industrie, peu d’activité commerciale, et ne vivant guère que de son agriculture, c’est un des points de l’Angleterre où le salaire est le plus bas, quoique la population soit peu nombreuse; les salaires y sont en moyenne de 9 francs par semaine ou 1 franc 50 centimes par jour de travail, ce qui est regardé en Angleterre comme tout à fait insuffisant.

Là réside M. Huxtable, un des plus habiles et des plus hardis pionniers de l’agriculture anglaise. M. Huxtable a publié un des premiers une brochure où il essayait de prouver que, même avec le bas prix des denrées agricoles, les fermiers anglais pouvaient se retrouver, .s’ils ne perdaient pas courage. On devine la tempête qu’une pareille assertion a soulevée; M. Huxtable a été traité comme un ennemi public. Il est cependant fermier lui-même, en même temps que recteur de la paroisse de Sulton Waldron. Les fermes où il met ses théories à l’épreuve redoutable de la pratique sont au nombre de deux. La première, située à un mille de Sulton Waldron, est la moins importante, mais c’est là qu’a pris naissance le mode de distribution, de l’engrais liquide par des canaux souterrains. La seconde se compose de 112 hectares; c’est un coteau calcaire, nu, aride, battu des vents, s’élevant par une pente abrupte à plusieurs centaines de pieds; il était autrefois à peu près inculte, il est aujourd’hui admirablement cultivé. On peut y voir tous les nouveaux procédés pris en quelque sorte à leur source. Les constructions de M. Huxtable méritent surtout l’attention par l’extrême économie qui y a régné. En général, les Anglais mettent moins d’amour-propre que nous dans leurs constructions rurales; ils ne donnent rien au luxe et à l’apparence, l’utile seul est recherché. Chez M. Huxtable, les murs des étables sont en claies de genêts et de branchages, les couvertures sont en chaume; mais rien de ce qui peut contribuer au bien-être, à la propreté et à la bonne alimentation des animaux, n’a été négligé.