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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/251

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Les deux derniers comtés de la région du sud sont montagneux et granitiques. Le Devon, qui succède au Dorset, contient environ 1,650,000 acres ou 660,000 hectares. Fort renommé pour ses sites pittoresques, il ne mérite pas moins l’attention par l’état de son agriculture, qui a fait de grands progrès depuis vingt-cinq ans. Il en est des parties cultivables des montagnes comme des districts argileux et en général de tous ceux qui exigent beaucoup de travail sur un étroit espace : ils se divisent naturellement en petites exploitations. Les petites fermes sont nombreuses dans le comté de Devon, où on en trouve de 5, 10, 15, 20, 25 hectares; mais ces fermiers pauvres ne sont pas ceux qui ont fait rapidement avancer la culture. C’est dans les grandes fermes de 200 à 250 hectares qu’ont été entreprises et menées à bien les améliorations qui ont changé la face du pays. Les principales sont : l’irrigation des prairies, l’extension des récoltes fourragères, l’introduction des engrais artificiels et le perfectionnement des races indigènes de bétail. Les petits fermiers profitent ensuite des exemples qui leur sont donnés.

Nulle part en Angleterre l’art des irrigations n’a été poussé aussi loin que dans le Devonshire. Les eaux qui traversent des terrains granitiques sont particulièrement fécondantes; la disposition accidentée du sol se prête d’ailleurs admirablement à ces travaux. On peut dire qu’il n’y a pas aujourd’hui dans tout le comté de source, si petite qu’elle soit, qui ne soit recueillie et utilisée. Le perfectionnement des races se manifeste surtout dans le bétail à cornes; la race nouvelle du Devonshire est une des plus gracieuses et des plus productives de la Grande-Bretagne. Elle n’est pas de grande taille, la nature du sol ne s’y prête pas; mais pour la perfection des formes et l’excellence de la viande, elle ne connaît pas de supérieure. Le lait des vaches de Devon est peu abondant, mais renommé pour la qualité du beurre qu’il produit; c’est en effet du beurre et de la crème que fournissent les nombreuses laiteries du pays. Le produit annuel d’une vache laitière est estimé 200 francs.

La rente des terres dans les environs d’Exeter monte à 100 francs l’hectare, dans le reste du comté elle est de 60 francs en moyenne. C’est beaucoup assurément pour un pareil sol. Les terres analogues rapportent en France tout au plus le quart. Les cultivateurs de nos montagnes granitiques devraient prendre modèle sur ceux du Devonshire. Ce comté et le suivant, celui de Cornwall, font exception parmi les comtés du sud, non que la rente y soit plus élevée, mais parce qu’elle est à peu près tout ce qu’elle peut être, tandis que, dans les comtés de Sussex, de Dorset et de Hants, elle pourrait être fortement accrue.

Le Cornwall, le plus méridional des comtés anglais, occupe