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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/528

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austral, nous apprendrons encore bien des choses sur ce ciel, plus pauvre en étoiles que notre ciel boréal, mais plus riche en curieux objets célestes, dont les théories attendent l’observation exacte, soit pour leur confirmation, soit pour leur abandon définitif.

On lit avec intérêt dans le tableau du ciel tracé par M. de Humboldt tout ce qui se rapporte à l’apparition des étoiles nouvelles et à leur disparition. Telle fut dans Cassiopée la célèbre étoile de 1572, la Pèlerine, bien supérieure en éclat à Sirius et même à Jupiter et à Vénus. Elle se voyait en plein midi à l’œil nu, et souvent au travers de légers nuages. Son apparition dura dix-sept mois. En 1600, dans le Cygne, et en 1604, dans le Serpentaire, de pareilles éclosions d’étoiles brillantes et temporaires furent observées, comme dans l’an 134 avant notre ère parut l’étoile nouvelle qui, suivant Pline, engagea Hipparque à faire son célèbre catalogue. Les étoiles périodiquement variables d’éclat ne sont pas moins intéressantes à connaître. M. de Humboldt nous donne un précieux tableau de vingt-quatre de ces astres curieux. Mais que dire des étoiles qui, comme l’étoile Éta du Navire, varient brusquement de la quatrième à la première grandeur, et dont l’éclat est centuplé en une période assez courte d’années ? Si, pour ces étoiles comme pour le soleil, la chaleur est en proportion de la lumière, que peut-il advenir des planètes qui circulent sous l’empire calorifique de ce soleil bizarre, et que doivent éprouver leurs habitans ? L’auteur du Cosmos examine ce qu’une crise pareille survenant dans notre soleil produirait sur la terre. Il regarde cette crise comme parfaitement possible. « pourquoi, dit-il, notre soleil serait-il différent des autres soleils ? » Cela n’est pas rassurant pour l’avenir, quoique M. de Humboldt y voie avec plaisir ou plutôt y entrevoie une cause qui suffirait amplement à expliquer les anciennes révolutions du globe. Nous croyons que la marche de la concentration progressive de la matière terrestre, depuis son origine cosmogonique assignée par Laplace, suffit à expliquer toutes les révolutions géologiques du globe et même la force de réaction de l’intérieur à l’extérieur du globe, réaction si admirablement établie par l’auteur du Cosmos; mais il est agréable d’avoir l’émotion de la peur, quand le courage peut la surmonter sans trop de peine, et sans doute l’appréhension de l’extinction ou d’un centuplement de la chaleur de notre soleil ne troublera le sommeil d’aucun habitant de notre globe. Ce qui peut du reste tranquilliser le genre humain, c’est que dans les deux cent mille soleils, depuis la première jusqu’à la neuvième grandeur, il en est bien peu qui prennent ainsi le mars aux dents, Mais arrivons aux étoiles doubles,

Je me vois forcé ici de rappeler ce que c’est que l’attraction, cette grande loi de la nature, découverte par Newton, et qui ramène les