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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/529

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mouvemens célestes aux plus simples notions de la mécanique. Par exemple, la lune, cette fidèle compagne de la terre, qui la suit dans son mouvement annuel autour du soleil, en tournant autour d’elle sans jamais la quitter et sans jamais se précipiter sur elle, quelle cause peut la maintenir ainsi ? Comment ne s’échappe-t-elle pas ? comment ne tombe-t-elle pas ? Comment aucun des pics, des rochers, des terrains que nous y voyons ne nous arrive-t-il ici-bas par la chute naturelle à tous les corps matériels et par suite pesans ? (J’en excepte, avec l’antiquité, le lion de Némée, qui, d’un bond prodigieux, sauta de la lune dans le Péloponnèse.) En voici la cause très simple et intelligible à tous.

La lune, comme tout corps matériel voisin de la terre, tend à tomber sur la terre. C’est ce que pensa Newton, voyant dans un verger tomber une pomme d’un arbre élevé, arbre que dans sa pensée il grandit jusqu’à ce que la cime atteignît la région de la lune. Comme on ne peut raisonnablement assigner la limite où la pomme détachée de l’arbre cesserait de tomber, Newton en conclut que la lune avait, comme la pomme idéalement soulevée à cette hauteur, une tendance à tomber. Pourquoi donc ne tombait-elle pas ?

D’autre part, la lune, au travers des étoiles, s’avance rapidement vers l’orient, quittant continuellement les étoiles occidentales et envahissant continuellement la région des étoiles orientales. Avec cette grande vitesse en avant, vitesse de un kilomètre par seconde, comment la lune ne s’élançait-elle pas dans les espaces célestes, laissant seule la terre, ou circulant sous son propre nom autour du soleil ?

Tout le monde pressent l’explication. Autant le mouvement de la lune en ligne droite éloignerait la lune de la terre, autant son poids, sa chute vers la terre la ramène vers nous, en sorte qu’elle reste à la même distance. Ce simple balancement soutient notre satellite autour de nous et nous assure son éternelle société. Qu’on se figure un palefrenier, dans un manège ou sur un terrain ouvert, dressant un cheval qu’il fait tourner en le retenant à la longe. Autant, par sa marche devant lui, le cheval libre s’éloignerait à chaque pas de l’écuyer, autant à chaque pas il est ramené par l’effet de la longe, et il décrit ainsi un cercle parfait dont le centre est le point d’où part la force qui le captive. Ainsi tourne la lune autour de la terre.

Cette loi d’attraction, que Newton avait déduite des mesures françaises de la terre, expliquait non-seulement comment la lune circule sans la quitter autour de la terre, mais encore comment la terre elle-même circule sans le quitter autour du soleil, qui lui dispense la chaleur et la vie, comment aussi toutes les autres planètes et toutes les autres lunes de notre système solaire accomplissent des mouvemens analogues et suivent des routes semblables, dans des fins