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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/273

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DU


CARACTÈRE GÉNÉRAL


DE


L’HISTOIRE CIVILE DE FRANCE





L’histoire nationale est une mine inépuisable de réflexions et de découvertes. Il y a trente ans, dans la pleine sécurité d’un bonheur qu’on croyait assuré, on n’interrogeait le passé que pour voir comment le présent en était sorti : on ne s’occupait que des origines de l’histoire de France. Dans l’incertitude où les révolutions nous ont plongés, c’est l’avenir aujourd’hui qu’on voudrait pénétrer. On demande maintenant à l’histoire de France une conclusion et un sens. D’éminens travaux ont marqué ici même cette direction nouvelle. Le tiers-état suivi par M. Augustin Thierry dans ses alternatives de grandeur et de faiblesse, la bourgeoisie française, qui n’est que le tiers-état émancipé, et dont M. de Camé, avec un sens si ferme, a dépeint le rôle à travers nos dernières agitations, ce sont là des sujets significatifs qui indiquent assez dans quel sens se porte la curiosité publique. — On ne s’étonnera donc point qu’à propos d’un ouvrage déjà examiné dans cette Revue[1], notre attention soit ramenée sur toutes les questions que soulève l’histoire civile de notre pays et sur le beau livre qui nous l’a retracée. C’est le privilège des esprits féconds et justes, comme M. Thierry et M. de Carné, de faire naître dans l’esprit de leurs lecteurs encore

  1. L’Essai sur l’histoire et la formation du Tiers-État, par M. Augustin Thierry, dont plusieurs parties ont paru dans les livraisons du 15 mai, Ier juin 1846, 1er mars, 1er mai 1850. M. de Carné a consacré à cet ouvrage une éloquente appréciation dans la Revue du 1er août 1853.