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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/986

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à dire à votre excellence, par rapport à votre dépêche du 20 mai, que vous devez observer et rapporter au gouvernement de sa majesté les développemens de la contestation qui, suivant votre opinion, doit probablement s’élever entre les églises latine et grecque en Turquie ; mais votre excellence s’abstiendra, quant à présent, de prendre aucune part à cette contestation[1]. » Ces instructions furent confirmées et renouvelées pendant deux ans par les quatre ministres qui passèrent au Foreign-Office, lord Palmerston, lord Granville, lord Malmesbury, lord John Russell. Sir Stratford Canning et le colonel Rose s’y conformèrent scrupuleusement à Constantinople. Ils se renfermèrent dans le rôle d’observateurs attentifs et de rapporteurs fidèles, recevant tour à tour les confidences des ministres russes, de l’ambassadeur de France et des ministres de la Porte, et essayant, sans engager leur responsabilité officielle, de rapprocher les représentans de la France et de la Russie, et d’assoupir la querelle. Sur le fond de la question, leur opinion personnelle fut que l’arrangement de février 1852 était équitable[2]. À la Porte ils tinrent continuellement ce langage : « Nos instructions ne nous permettent pas d’intervenir dans la question, elles nous prescrivent la neutralité entre la France et la Russie ; mais c’est notre devoir de soutenir le sultan lorsqu’il réclamera le droit de donner, dans son indépendance et sa liberté d’action, son opinion consciencieuse sur une affaire qu’il est appelé à décider[3]. »

Cependant vers la fin de 1852, au moment où Fuad-Effendi allait s’efforcer de mettre en pratique l’arrangement du mois de février, et où les choses paraissaient s’échauffer le plus à Constantinople, le gouvernement anglais essaya par ses conseils d’amener les cabinets de Paris et de Saint-Pétersbourg à traiter directement entre eux la question et à la terminer par un accord amiable. Le gouvernement anglais trouva sur ce point dans la France les dispositions les plus modérées et les plus conciliantes. Au commencement du mois de septembre, M. Drouyn de Lhuys témoignait à lord Cowley le désir d’en finir avec l’affaire des lieux-saints ; ce qu’il désirait, c’était que la question pût être résolue sans embarras pour la Porte et honorablement pour la France, et comme lord Cowley lui demandait si la France se contenterait d’une déclaration du gouvernement ottoman, qui porterait qu’en donnant le firman aux Grecs, la Porte n’avait pas l’intention de se départir des promesses faites à la France, M. Drouyn de Lhuys lui répondait qu’une déclaration semblable lui paraissait

  1. Corresp., part I, n° 2.
  2. Sir Stratford Canning to the earl Granville, 18 fév., 1852 Corresp., part 1. n° 37. — Colonel Rose 10 the earl of Malmesbury, 16 déc. 1852. Corresp., n° 60.
  3. Colonel Rose le the earl of Malmesbury. Corresp., n° 55.