Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du XIVe au XVIe siècle, l’industrie des bronzes produisit des merveilles sans nombre. À défaut des œuvres capitales, qu’il faut aller étudier en Italie, tout le monde connaît les petits bronzes florentins. Bien moins rares que les antiques, il n’est pas d’amateur qui n’en possède et qui n’ait pu les apprécier. Les noms des plus grands artistes se trouvent liés à l’art des bronzes de la renaissance ; il suffit de citer les Pisans Jean et Andréa, les Siennois Agnolo, Agustino et Jacopo della Quercia, les Florentins Arnolfo di Lapo, Orcagna, Dello, Antonio di Banco, Luca della Robbia, Lorenzo Ghiberti, Brunelleschi, Donatello, Antonio et Piero del Pollajuolo, Torrigiano, Benvenuto Cellini, et notre célèbre Jean de Bologne[1].

Les portes du baptistère de Florence représentent d’une manière complète l’art des bronzes florentins. Ces portes sont au nombre de trois : celle du sud est d’Andréa Pisano ; les deux autres, situées à l’est et au nord, sont de Lorenzo Ghiberti. Andréa fut un des créateurs de la renaissance. « La fortune le favorisa, dit Vasari, en lui mettant sous les yeux les marbres antiques apportés dans le Campo-Santo par les flottes victorieuses des Pisans. » Il fut à la sculpture moderne ce que Giotto fut à la peinture. Il travailla pendant vingt-deux ans à la porte en bronze sur laquelle il représenta toute l’histoire de saint Jean-Baptiste, et cette œuvre, qui se ressent de l’inspiration toute puissante de Giotto, fut terminée en 1339. Quant aux portes de Ghiberti, elles se composent chacune de dix panneaux représentant des sujets tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament, traités en relief, demi-relief et bas-relief. Michel-Ange jugeait ces portes dignes d’ouvrir le paradis. Elles sont en effet ce que le génie de la renaissance a produit de plus exquis, et elles resteront comme le type le plus accompli de l’art moderne des bronzes. Ces trois portes du baptistère résument admirablement le XIVe et le XVe siècle, les deux plus beaux de l’art chrétien. La première le représente encore dans son enfance, avec toute sa candeur, sa naïveté, sa gaucherie charmante et son inexpérience, tandis que les secondes nous le montrent dans sa plénitude et dans sa toute-puissance. Enfin, pour avoir une juste idée de la valeur des bronzes du XVe siècle, il faut considérer, dans la Loggia dell’ Orcagna, l’admirable groupe de Judith et Holopherne par Donatello, les statues et bas-reliefs du baptistère de Sienne par Jacopo della Fonte, le Vecchietto et Donato, et les tombeaux de Sixte IV et d’Innocent VIII par Antonio Pollajuolo, à Saint-Pierre de Rome.

Au XVIe siècle, Benvenuto Cellini et Jean de Bologne représentent fidèlement pour l’art des bronzes italiens cette époque de suprême élégance. Qui ne connaît à Florence le groupe célèbre de Persée et

  1. Jean de Bologne naquit à Douai en 1524.