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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/621

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émulation pour le bien qui tourne au profit de la morale et concourt au succès des opérations. Là les machines nouvelles, loin de rencontrer des obstacles de la part de ceux qui doivent les faire fonctionner, sont accueillies avec joie, car elles offrent de nouvelles occasions de se distinguer et de mériter d’honorables encouragemens. Les travaux extraordinaires qu’amènent spontanément mille accidens naturels trouvent chez tous le même bon vouloir. Quant aux personnes assez malheureusement douées pour résister à cette louable émulation et prêtes à rendre le mal pour le bien, il s’en trouve peu. La seule punition qu’on leur inflige après avoir vainement essayé de les amener dans la bonne voie consiste à les exclure des établissemens.

Dans ses observations quotidiennes, M. Decrombecque avait reconnu et constaté les intelligens services que lui rendait en toute occasion l’un de ses chefs de charrue, qu’il avait même chargé de diriger plusieurs opérations importantes. Ce fut à lui qu’il songea tout d’abord pour satisfaire au désir que lui avait exprimé l’association du département de l’Oise. Il suffisait que M. Hette eût été présenté sous cet honorable patronage pour qu’il fût bientôt chargé non-seulement de diriger les cultures de Bresles, mais d’installer toutes les industries appropriées au sol et aux circonstances locales. On lui laissa le soin d’améliorer les affaires de cette grande exploitation. Le nouveau directeur, plein de zèle et d’activité, était parfaitement préparé pour remplir la difficile et très laborieuse mission qui lui était confiée. Depuis longtemps tourmenté d’un ardent désir de voir, d’étudier, d’approfondir tout ce qui de près ou de loin atteste les progrès de l’industrie agricole, il avait, dans de fréquentes excursions, visité les établissemens industriels, les machines et appareils nouvellement introduits dans les fermes. Mûri, arrêté d’avance en quelque sorte, son plan fut mis aussitôt à l’épreuve. Avec une hardiesse heureuse, qu’une juste confiance en ses forces pouvait seule lui donner, il monta successivement une fabrique de sucre, une distillerie de betteraves, un abattoir où l’on tire parti de la dépouille et de tous les débris des animaux hors de service que l’établissement peut se procurer, une fabrique de charbon d’os, etc. Ces diverses industries exigent l’emploi de la force mécanique, qui s’applique en outre au coupage et au blutage des foins, pailles et racines, à l’écrasage des tourteaux, au battage des grains. Il semblerait, en songeant à cette variété d’opérations très distinctes, qu’une inextricable complication devait en résulter dans le service comme dans l’appréciation des résultats. Rien au contraire de plus facile, grâce à l’excellente méthode de surveillance des travaux.

Ce n’est pas tout encore. M. Hette, voyant qu’aux alentours de Bresles on ne rencontre ni raffinerie de sucre, ni fabrique ou