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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/622

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entrepôt d’eau-de-vie, d’alcool, de liqueurs, comprit les avantages qu’il procurerait à la population en lui livrant ces produits directement consommables sans fiais exagérés de transport, emmagasinage, commission, etc. ; il comprit aussi les profits spéciaux qui en résulteraient pour l’établissement confié à sa direction. Entre la pensée d’une création utile et l’exécution, il n’y eut que l’espace de temps strictement nécessaire pour établir les nouveaux appareils, et avant la fin de l’année le raffinage du sucre, la rectification de l’alcool et la conversion en eau-de-vie et liqueurs diverses suivaient directement les travaux de la fabrication. Ces produits alimentaires, dont la manufacture garantissait la qualité par son cachet de fabrique, étaient livrés journellement aux détaillans et aux consommateurs. Cependant les bras, naguère incomplètement occupés dans un rayon assez étendu, manquèrent alors, et sur la demande de M. Ilette, appuyée par M. Randoin, préfet du département, cinquante Russes, prisonniers de Bomarsund, vinrent prêter le concours de leur travail.

Ce qu’il faut admirer le plus dans cet ensemble d’opérations si complexes en apparence, c’est la facilité, la régularité de l’exécution. Qu’on ne l’oublie pas d’ailleurs, ceux qui les accomplissent ont été bien peu préparés jusque-là aux applications de la mécanique et de la chimie ; ils exécutent tout cela comme une simple consigne, se familiarisant, sans en prendre de souci, avec les phénomènes de la production de la vapeur, avec l’emploi de cet agent pour transmettre la force et la chaleur, pour effectuer la concentration des liquides. En résumé, dans l’établissement agricole et industriel de Bresles, on voit huit industries distinctes fonctionner côte à côte en se prêtant un mutuel secours, donnant une base importante, par leurs résidus, à l’alimentation et à l’engraissement des animaux : 120,000 kil. de betterave sont employés chaque jour ; 60,000 kilog. fournissent en moyenne 3,000 kilog. de sucre ; 60,000 kilog. traités par le procédé Champonnois donnent 3,000 litres d’eau-de-vie à 50 degrés, et non-seulement les pulpes de betteraves de ces deux fabrications améliorent les fourrages secs hachés, alimens des espèces bovine et ovine, mais encore le sang, la chair cuite et le bouillon des divers animaux dépecés à l’abattoir spécial sont appliqués avec succès à l’engraissement de l’espèce porcine[1].

On entretient pour l’exploitation des trois fermes cent quarante

  1. L’abattoir utilise annuellement les chairs et issues de 580 animaux morts ou sacrifiés pour l’engraissement de 300 porcs de race perfectionnée et du poids moyen de 100 kilos. On transforme en définitive ces débris cadavériques, joints à quelques détritus végétaux, en 3,600 kilos de viande et graisse de porc, de qualité excellente, destinés à la nourriture de l’homme.