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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/654

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LES
CHRÉTIENS D’ORIENT


La paix heureusement imminente impose aux grandes nations de l’Europe le soin de fixer et de protéger l’existence civile des populations chrétiennes de l’empire turc. À nos yeux, les questions de justice sociale et d’humanité ne sont jamais des lieux communs ; mais de plus, grâce aux succès militaires de l’Occident et à la sagesse de toutes les cours, ce sont aujourd’hui des affaires à régler par stipulations précises et des droits à garantir longuement par une tutelle éclairée. Les immunités promises aux rayas de la Porte ne sont pas moins importantes que la libre navigation du Danube pour la durée de la paix et le repos ultérieur de l’empire ottoman. Il y a là d’ailleurs l’épreuve à faire des forces de la civilisation, pour contrepeser les préjugés de race et de culte, et rapprocher la Turquie du droit public européen. Sous ce rapport, la philanthropie chrétienne sera de la politique.

Le nom de la Grèce, si populaire durant les deux monarchies constitutionnelles de la France, a paru naguère presque défavorable et suspect. Cette renaissance morale et guerrière d’un peuple, cette leçon d’héroïsme qui, de 1824 à 1830, fit battre tant de cœurs, provoqua tant de dons publics, d’œuvres charitables, de nobles sacrifices, semblait désormais rangée parmi les vieilleries du régime parlementaire.