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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/821

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n’avait pas, d’après le capitaine anglais, moins de 300 mètres de profondeur au-dessous du niveau de la mer : au-dessus de la ligne horizontale qui formait la crête de cette effrayante muraille, on apercevait, outre les deux volcans, une haute rangée de montagnes qui se dirigeait vers le sud jusqu’au 79e degré de latitude, et que Ross nomma les monts Parry. Ross suivit sur une longue distance vers l’est cette grande banquise : il ne rencontrait que très peu de montagnes de glaces, et la mer était à peu près dégagée le long du mur solide qu’il était obligé de longer. Il en aperçut pourtant quelques-unes vers la fin du mois de janvier : elles présentaient des faces verticales de 60 mètres de hauteur, et étaient évidemment des débris de la longue banquise de la côte ; elles reposaient sur des bas-fonds où on atteignait le fond de la mer à 260 brasses. Du haut de l’une d’elles, on put apercevoir la crête de l’immense barrière de glaces, semblable à une plaine d’argent fondu. On entra bientôt dans les champs de glaces superficielles ; Ross aperçut des apparences de terre sous le 150e méridien et vers le 79e de latitude, mais il fallut abandonner l’idée d’avancer davantage vers l’est, et on retourna vers l’ouest afin de chercher un endroit pour hiverner. Il fut malheureusement impossible d’aborder dans la terre Victoria à cause des glaces qui en remplissaient toutes les indentations. Partout on apercevait des falaises d’une hauteur vraiment effrayante, qui coupaient l’extrémité des glaciers au point où ils descendaient dans la mer. Ross fut contraint de revenir vers le nord ; il aperçut sur sa route les cinq îlots que Balleny avait découverts. On approchait d’un point où, sur la carte que Wilkes avait communiquée au commandant anglais, étaient dessinées une ligne de côtes et une chaîne de montagnes ; mais Ross, à son grand étonnement, n’apercevait aucune terre à l’horizon. Après une terrible rafale qui vint l’assaillir au milieu de glaces formidables, et qui fit courir aux navires anglais un véritable danger, il alla rechercher le continent de Wilkes, et courut la mer en tous sens et sur de grandes distances autour du point où étaient marquées les montagnes. Il emporta la conviction que Wilkes avait été la victime d’une illusion pareille à celle qui avait, bien longtemps auparavant, fait voir à son propre oncle, sir John Ross, les chimériques monts Croker dans le détroit de Lancastre.

Les deux autres campagnes de Ross ne furent pas aussi heureuses que la première ; il ne trouva aucune terre nouvelle dans la seconde, et resta prisonnier pendant plusieurs semaines dans les glaces. L’année suivante, il alla des îles Falkland visiter les Nouvelles-Shetlands, et compléta l’étude que Dumont d’Urville avait faite des terres Louis-Philippe et Joinville ; c’est lui qui aperçut et nomma le mont