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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/821

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Serpa, Fonteboa, Ega et Tabatinga commencent à devenir des centres commerciaux ; Loreto et Nauta, dans le Pérou, semblent de nouvelles villes. Le fleuve est navigable sur une étendue d’à peu près cinq cent quatre-vingts lieues. Le cacao, le caoutchouc, l’ipécacuana, tant d’autres denrées qui trouvent de si faciles débouchés en Amérique et en Europe, les bois d’ébénisterie et de teinture, forment les élémens d’un commerce considérable, qui permet à la compagnie de donner de beaux dividendes à ses actionnaires. On ne peut se faire une idée de ce que deviendra ce commerce quand les eaux du Madeira, du Negro, du Gualagua, du Tocantins, du Tapajoz, du Xingu, de l’Ucayala, de l’Iça, du Japura, et d’autres affluens de l’Amazone, seront sillonnées par des bateaux à vapeur, et que ces immenses et lointaines contrées seront connues et exploitées. Le gouvernement fait faire des explorations dont les résultats ne peuvent que promettre un bel avenir. Il fait explorer aussi le fleuve Paraguay, ainsi que le Sao-Lourenço et le Cuyaba, ses affluens, qui prennent leur source dans la province de Matto-Grosso, contrée très riche qui, par le Paraguay, le Paraná et la Plata, trouvera des débouchés pour l’écoulement de ses produits. On continue toujours l’exploration des fleuves de Sao-Francisco, Jequitinhonha, Vacacahy et Pardo, dans l’intérieur du pays, pour établir des communications faciles entre le centre de l’empire et le littoral. Il existe aussi une compagnie pour la navigation du fleuve Mucury.

La navigation à vapeur sur les côtes maritimes se fait d’une manière satisfaisante par des compagnies, dont les bateaux mettent en communication tous les ports brésiliens avec la capitale de l’empire. Toutes les compagnies formées pour la navigation fluviale ou maritime reçoivent du gouvernement des subventions annuelles, mais elles doivent établir sur les terres qui leur ont été concédées des centres de colonisation européenne, dont le nombre s’accroît progressivement. La canalisation, il faut l’avouer, n’est pas aussi avancée. Les provinces de Rio-Janeiro et Espirito-Santo seules possèdent quelques canaux, mais ils sont mal faits et ne peuvent être mis en parallèle avec les canaux de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

L’élan est donné aux travaux publics. Les villes se couvrent de constructions nouvelles et d’édifices. Rio-Janeiro possède un hospice pour les aliénés et un hôpital qui peuvent rivaliser avec les plus beaux établissemens de ce genre qui existent en Europe. On fait à la douane de magnifiques travaux hydrauliques, et les arsenaux militaires s’agrandissent. À Pernambuco, on s’occupe activement d’améliorer le port et les établissemens publics. Au Maranhao, on crée des docks pour la flotte ; partout enfin on s’occupe du bien-être matériel