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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/869

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l’arrivée à Pétersbourg, l’or et l’argent sont essayés de nouveau par mesure de vérification. L’argent de l’Altaï contient une petite quantité d’or avec une faible fraction de cuivre : la séparation de ces métaux n’a lieu qu’à la monnaie de Pétersbourg. La quantité d’or la plus considérable que la Sibérie ait encore produite en une année est 75,000 livres : une grande partie de la région aurifère dans la Sibérie du nord et la Sibérie orientale n’a point encore été explorée.

L’Altaï ne produit pas seulement de l’or et de l’argent : dans les forges de Tomsky, on fabrique des quantités considérables de fonte et de fer en barre, objet d’échange plus précieux peut-être pour le commerce avec les nomades de la Tartarie et de la Mongolie. Le minerai de fer est de qualité supérieure, et le général Anossof avait entrepris de donner à Tomsky un grand développement et d’y introduire la fabrication de l’acier damassé. À peu de distance de ces forges est la ville de Kouznetsk, marché important pour les fourrures : c’est là que tous les Tartares et les Kalmouks de l’Altaï viennent payer le tribut de pelleteries qu’ils doivent à la Russie. Chaque chasseur ne manque jamais d’ajouter à son tribut les plus précieuses de ses peaux comme présent personnel pour l’empereur. Kouznetsk compte près de trois mille habitans : ce sont en grande partie des Cosaques et des Tartares, et quelques colons russes. Dans les gorges du Korgon, on trouve des jaspes de la plus remarquable beauté, et qu’on extrait par blocs d’une grande dimension. C’est un travail extrêmement pénible : les ouvriers commencent par percer de cinq pouces en cinq pouces des trous d’une certaine profondeur le long du bloc qu’ils veulent détacher ; ils introduisent dans ces trous des poutres en bois de bouleau bien sec, et ils arrosent continuellement ces poutres jusqu’à ce que le bois gonfle et en se dilatant fasse éclater le roc. Ces ouvriers sont expédiés des différens villages de l’Altaï au Korgon ; ils campent dans la montagne depuis le commencement de mai jusqu’à la fin de septembre, et reçoivent pour toute paie des rations de pain noir et de sel, plus 3 fr. 50 cent, par mois. Les blocs de jaspe sont à peine dégrossis sur les lieux : ils sont descendus péniblement jusqu’à la rivière, qui les transporte à Kolyvan, où on les taille en vases et en colonnes. Quelques-uns des jaspes du Korgon taillés à Kolyvan ont figuré à l’exposition universelle de Londres, où ils ont obtenu une des grandes médailles. Kolyvan travaille aussi le porphyre, le quartz et l’aventurine. Cent vingt ouvriers, dont quelques-uns sont de véritables artistes, y trouvent de l’emploi, toute l’année à raison de 4 fr. 50 cent. par mois : c’est de leurs mains que sont sortis les colonnes, les statues et les vases gigantesques qui décorent l’Hermilage et les autres résidences impériales en Russie.

La région des montagnes commence un peu au-dessus de Zmeinogorsk,