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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 18.djvu/762

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arrivé en face de l’ennemi, près du village de Nujjuffghur. Beaucoup de chefs eussent reculé devant une attaque immédiate, avec des troupes harassées et devant un ennemi supérieur en forces, qui venait d’accueillir l’avant-garde de la petite colonne par un feu des mieux nourris et des mieux dirigés. Nicholson, lui, ne vit là qu’une affaire à brusquer. Il enleva ses troupes par une courte harangue, dont les auditeurs ont vanté depuis l’entraînante éloquence, et les lança immédiatement sur le seraï, où l’ennemi avait posté ses batteries. Ce bâtiment fut pris en quelques minutes, et une partie des cipayes qui en formaient la garnison demeurèrent prisonniers. L’ennemi se retira ensuite vers un pont qu’il s’agissait de lui enlever et de détruire. Le pont fut pris et sauta en l’air, malgré les tentatives faites d’abord pour s’y maintenir, ensuite pour en empêcher la destruction. L’explosion n’eut lieu qu’à minuit, sous le feu de quelques canons que les cipayes avaient conservés; mais treize pièces d’artillerie, tout l’équipage du camp et le trésor de l’ennemi étaient tombés aux mains des Anglais. Le combat de Nujjuffghur est le dernier de ceux qui ont assis la réputation militaire de Nicholson.

L’artillerie de siège, à peine arrivée, fut mise en batterie dans l’espace compris entre les remparts de Delhi et le ridge qui protégeait le camp anglais. Sur quatre points différens se répartirent les pièces qui allaient ouvrir la brèche, et cette dernière opération, si vivement chicanée d’ordinaire, eut lieu presque sans obstacle, les cipayes s’étant persuadés que l’attaque des Anglais aurait lieu par la droite de leur ligne d’opérations, c’est-à-dire du côté de Kissengunge et de Rao’s House. Ainsi la batterie n° 1, placée à l’extrémité méridionale du ridge, plutôt pour soutenir la lutte avec celles des faubourgs de Taliwarah et Kissengunge, et pour écarter toute attaque de flanc, que pour agir directement sur la ville, fut la seule dont ils essayèrent sérieusement d’inquiéter l’érection. Les travaux du génie, hâtés comme ils le furent du 4 au 12 septembre, nécessitèrent un déploiement de force et d’activité qu’on aurait à peine pu attendre de cette armée si peu nombreuse après tant de fatigues et d’épreuves diverses; mais l’approche du jour suprême avait rendu l’espoir aux plus découragés. Les derniers renforts arrivaient de toutes parts. Le 6 septembre, on recevait de Meerut deux cents rifles et cent artilleurs. Le 7 arrivaient le 4e infanterie (Pendjab) et trois cents hommes amenés par le fidèle rajah de Jheend; le 8 enfin, ce qu’on appelait le Jummoo contingent, c’est-à-dire un corps de deux mille deux cents Cachemyriens envoyés par le jeune maharajah, qui venait de succéder à son père Gholab-Singh. L’odeur du butin attirait ces avides auxiliaires.

Le 12 au matin, toutes les batteries ouvrirent à la fois leur feu sur